Le projet de Liaison Est-Ouest (LEO), serpent de mer de l'aménagement du territoire local, est dans une impasse totale. Les élus de la Ville et du Grand Avignon refusent désormais catégoriquement le tracé historique porté par l'État, jugé obsolète et écologiquement irresponsable. Face à ce qu'elle nomme le "chantage" de l'État, la Maire d'Avignon, Cécile Helle, défend une solution alternative.
La Liaison Est-Ouest est un projet de voie rapide visant à créer un contournement sud pour l'agglomération d'Avignon. L'objectif principal est de désengorger la rocade Charles de Gaulle, chroniquement saturée, en déviant le trafic de transit qui ne fait que traverser la ville. Il s'agit d'un projet structurant pour le territoire, censé améliorer la liaison entre les départements du Gard, du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône. Piloté par l'État, il est divisé en plusieurs tronçons, dont seule une partie centrale est aujourd'hui en service.
Dans un communiqué de presse conjoint, Cécile Helle et Joël Guin, président du Grand Avignon, ont officialisé leur position. S'ils défendent bien un projet de contournement sud pour l'agglomération, ils rejettent fermement celui que l'État a conçu "à la fin des années 90".
Le principal point de friction est le tracé, qui date de la DUP de 2003. Les élus refusent catégoriquement la perspective de "créer un boulevard urbain avec feux tricolores au cœur de la ceinture verte, poumon agricole d’Avignon". Selon eux, ce projet est en "contradiction avec les dynamiques urbaines à l’œuvre" et affecterait "la qualité de vie des habitants".
Madame le Maire, Cécile Helle, a bien voulu nous répondre le 4 juin au soir, après l'inauguration du jardin éphémère. Interrogée sur le blocage de l'État, elle nous a livré son analyse complète :
Ma position est celle que j'ai exprimée dans le communiqué de presse commun avec Joël Guin : ce tracé n'est pas le bon. Nous considérons que le chantage de l'État, qui menace d'abandonner la LEO si ce tracé n'est pas retenu, n'est pas tenable.
Ce n'est pas une attitude responsable au regard des enjeux de circulation à l'échelle de notre bassin de vie, ni au regard de la protection que nous devons à nos populations. Je pense notamment aux habitants de la rocade Charles de Gaulle, pour lesquels je me battrai jusqu'au bout afin qu'une solution alternative de voie routière soit créée.
C'est la raison pour laquelle, depuis plusieurs années, je propose une solution située dans le nord des Bouches-du-Rhône. Elle utiliserait le réseau routier existant, serait beaucoup moins coûteuse et aurait un impact environnemental bien moins fort qu'un projet créé de toutes pièces. Je pense que cette solution pourrait répondre, au moins en partie, aux enjeux de mobilité à l'échelle de l'ensemble du bassin de vie.
Lors du comité de pilotage du 19 mai, l'État a présenté un projet "redimensionné, pour ne pas dire réduit, à deux fois une voie notamment". Cependant, ce projet reste sur l'ancien tracé. L'ultimatum de l'État est clair :
"C’est ce projet ou rien ! C’est ce projet ou l’État se retire!"
La Ville et le Grand Avignon appellent à une "LEO reconfigurée" et estiment que vouloir un autre tracé, c'est "prendre ses responsabilités". Pour preuve de leur engagement, ils proposent de réaliser rapidement "le barreau manquant entre la voie actuelle de la tranche 1 de la LEO et le rond-point de Rognonas", une proposition soutenue par les maires de Barbentane et Rognonas.
Au grand dam des habitants du Grand Avignon, le dialogue semble rompu. Les élus locaux estiment qu'il est temps d'investir dans "un choix d’avenir aux objectifs à la fois environnementaux, d’aménagement durable du territoire et de santé publique". Face à ce défi majeur, ils affirment qu'il est temps "de ne pas se tromper".
Pendant que les débats sur le tracé idéal se poursuivent, la réalité de la rocade surchargée reste, elle, le lot quotidien de milliers d'automobilistes et de riverains. Face à ce débat, certaines voix, comme celle de cet ancien élu, s'élèvent pour proposer leurs propres solutions.