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Au pas de course de Serge Barbuscia : notre avis

20 Novembre 2025 à 14h42

Marguerite Romeuf - Critique Culture

Immergée dès sa naissance dans un univers artistique par une mère danseuse et un père acteur, Marguerite Romeuf, de son nom de comédienne Marie-Line Rossetti, développe le goût et la curiosité pour la création en théâtre contemporain et classique, en danse, opéra et peinture.

C’est dans une salle pleine que Serge Barbuscia, directeur du Théâtre du Balcon, auteur et metteur en scène, nous accueille, évoquant le texte de Federico García Lorca qui justifie pleinement cette création « Au pas de course ».

« Le théâtre qui ne reflète pas le pouls de la société, le pouls de l’Histoire, le drame de sa population et la couleur authentique de son paysage et de son esprit avec des rires ou des larmes, n’a pas le droit de s’appeler théâtre, mais plutôt salle de jeu ou endroit où se livrer à cette horrible chose qu’on appelle tuer le temps. » (Federico Garcia Lorca)

Au pas de course Une fois encore, Serge Barbuscia nous engage à explorer l’humain, impactés que nous sommes par les fêlures de nos sociétés, où qu’elles se situent sur le globe.

Il met à l’honneur 7 portraits de femmes, admirablement campés par la prodigieuse comédienne Camille Carraz. D’ailleurs, ce texte, il l’a écrit pour elle.
Leur collaboration s’étend en effet sur plusieurs créations dont « Pompiers », proposé au public en 2016 et qui rencontra le succès.

L’écriture, très percutante, de Serge Barbuscia résulte d’un travail en ateliers mené en 2024 au sein des quartiers extra-muros, soutenu par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles).

Au terme de ces ateliers, il lui est apparu la nécessité d’écrire cette pièce « Au pas de course », où il aborde les sujets de société que sont la solitude malgré les réseaux sociaux, la violence dans le couple et l’emprise psychologique nourrie par la dépendance affective, les pulsions de violence et le terrorisme, l’aspect humanitaire des Jeux Olympiques malgré l’esprit de compétition, l’injonction sociétale à l’excellence et la réussite à tout prix, le harcèlement et ses conséquences, pour finir sur la place de l’Humain dans le Cosmos.

Très belle image finale que nous offre Sébastien Lebert à la technique !

Ces femmes, ce sont successivement Nadia, Sophie, Garance, Jeanne, Djamila, une anonyme (fort antipathique!), Emilie et Francesca .
Camille Carraz se glisse avec brio dans chacune d’elles. Son jeu est pudique, juste, poignant de vérité. Elle dégage de ce texte sur mesure toute la poésie et l’authenticité des sentiments éprouvés par ces archétypes féminins.

Le fil conducteur de cette pièce ?...Les chaussures de femmes !
En psychanalyse, la chaussure féminine a fait couler de l’encre !
A commencer par Sigmund Freud (1856-1939), qui a fait de la chaussure à talons une éternelle compensation, une recherche du phallus par la gente féminine. C’était faire l’impasse sur le port des talons hauts par les hommes sous le règne de Louis XIV, mode impulsée par le cordonnier Nicholas Lestage.

La scénographie est sobre : 4 pupitres occupent l’espace à l’entrée du public, qui disparaîtront au fil de la pièce. Un micro sur pied, une chaise, et en fond plateau deux projecteurs au sol appelés « asservis ».

La création Lumières de Sébastien Lebert, sobre et efficace, dans un esthétisme minimaliste, nous porte au fil des tableaux, soutenue par une création musicale de Sébastien Benedetto, prégnante et poétique à la fois.

Le public est séduit !
Une salve d’applaudissements jaillit pour saluer cette création à voir les 21novembre à 20h, 22novembre à 20h et 23 novembre à 16h au Théâtre du Balcon ( 38 rue Guillaume Puy).

« Le théâtre, c’est la poésie qui sort du livre pour descendre dans la rue ». (Federico Garcia Lorca)

Avec : Camille Carraz
Texte et mise en scène : Serge Barbuscia
Création musicale : Sébastien Benedetto
Création Lumières et technique : Sébastien Lebert
Effets sonores : Eric Craviatto
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