Entre céramique et bougie, la synergie créative de la Maison Tassan

Installée au sein de la pépinière d’entreprises Créativa sur le technopôle d’Agroparc, la Maison Tassan propose une approche singulière de la décoration d’intérieur. Née de l’association entre Enzo Mathias et le céramiste Jérémy Tassan, la marque avignonnaise mise sur une fabrication artisanale et écoresponsable, incarnée par un concept hybride : le « Muggie ». Rencontre avec Enzo Mathias, co-fondateur, à l’aube de leur installation au marché de Noël de l’Église des Célestins.

Le paradoxe est familier aux amateurs de bougies parfumées : objet d’ambiance par excellence, il finit trop souvent par se réduire à un contenant vide et inutilisé une fois la mèche consumée. C'est précisément ce cycle du déchet qu'Enzo Mathias et Jérémy Tassan ont décidé d'interrompre. Dans leur atelier avignonnais, l'atmosphère oscille entre la minéralité de l'argile travaillée au tour et la subtilité des parfums de Grasse. Loin des standards industriels, la Maison Tassan défend une conviction : le contenant doit avoir autant de valeur que le contenu.

C’est une histoire de reconversion et de synergie. Il y a quelques années, Enzo Mathias, alors directeur de la restauration à Châteauneuf-du-Pape, croise la route de Jérémy Tassan, céramiste. Ce qui ne devait être qu’une collaboration ponctuelle autour d’un service d’assiettes s’est transformé en un projet entrepreneurial pérenne. Aujourd’hui, les deux associés dirigent Maison Tassan, une marque qui tente de concilier l’éphémère de la bougie parfumée et la durabilité de la céramique artisanale.

Une réponse au gaspillage : le concept du « Muggie »

Au cœur de leur démarche se trouve une volonté de lutter contre l’obsolescence des objets décoratifs, notamment les contenants de bougies traditionnels souvent jetés après usage. La marque a ainsi développé le « Muggie », contraction de mug et de bougie.

« Le but était de créer un objet qui pouvait proposer deux expériences : à la fois éphémère et durable », explique Enzo Mathias. Le principe est simple : une fois la cire consumée, le contenant en céramique, tourné à la main, est conçu pour être nettoyé facilement à l’eau chaude et réutilisé comme tasse alimentaire ou objet du quotidien. « C’est un objet fait pour durer, qui va minimiser la surconsommation », précise le co-fondateur.

Pour accompagner cette durabilité, l'atelier propose des kits de recharge « Do It Yourself » (Faites-le vous-même). Ces kits, comprenant cire, mèches et bâtonnets, permettent au client de recharger son contenant à domicile ou d'en transformer un autre, invitant ainsi le consommateur à devenir acteur de la fabrication.

Un ancrage local et un savoir-faire maîtrisé

La production est entièrement internalisée dans leur atelier d'Agroparc. La répartition des rôles est claire : Jérémy Tassan assure la création physique des pièces au tour de potier, transmettant « l'énergie » et la forme à la matière, tandis qu'Enzo Mathias se consacre à l'assemblage olfactif.

L'identité de la marque puise son inspiration directement dans le terroir local. Les parfums, élaborés en collaboration avec des experts de Grasse, portent des noms évocateurs tels que « Écorce du Ventoux » ou « Calanques ». « La Provence, c'est notre signature », affirme Enzo Mathias, soulignant que la lumière et les paysages de la région guident également le design et les choix chromatiques des collections.

L'accompagnement par la structure Créativa a joué un rôle déterminant dans la structuration de l'entreprise. Selon Enzo Mathias, cet écosystème a permis de valider leurs valeurs d'écoresponsabilité et d'innovation tout en leur offrant un outil de production stable pour se développer.

Des collaborations exclusives pour les fêtes de fin d'année

La fin de l'année 2025 marque une étape importante pour la jeune maison, qui sera présente au marché de Noël de l’Église des Célestins du 28 novembre au 28 décembre. Pour l'occasion, Maison Tassan dévoilera des créations exclusives, dont un sujet en céramique personnalisable permettant de parfumer son intérieur ou son sapin.

Surtout, la marque présentera plus tard le fruit d'une collaboration avec Avignon Tourisme : la bougie « Rempart ». Cet objet reprend la structure architecturale des fortifications de la cité papale. « On est venu représenter la structure de l'extérieur des remparts. C'est une expérience sensorielle, comme si on venait flâner dans les rues d'Avignon », détaille l'entrepreneur.

Au-delà des fêtes, Maison Tassan continue d'élargir sa gamme, avec en projet un vase à double fonctionnalité pouvant servir de diffuseur, confirmant leur ambition de repenser l'utilité des objets décoratifs. Les produits sont d'ores et déjà distribués dans une dizaine de points de vente en France, à Londres, ainsi que sur leur boutique en ligne.

Dans un contexte de consommation où prévaut souvent l'immédiateté, la démarche de la Maison Tassan fait figure d'alternative durable. Plus qu'un simple objet manufacturé, Enzo Mathias et Jérémy Tassan proposent un usage qui s'inscrit dans le temps long. En faisant cohabiter l'expérience olfactive éphémère et la fonctionnalité pérenne de la céramique, les artisans avignonnais invitent à repenser notre rapport aux objets du quotidien. Une approche du « moins mais mieux » où, une fois la mèche consumée, l'objet conserve toute son utilité.

Maison Tassan : carnet pratique

• Le concept : Des bougies artisanales en céramique, rechargeables et conçues pour être réutilisées en tasses (les « Muggies »).
• Où les trouver : Sur la boutique en ligne, à l’atelier d'Agroparc (sur rendez-vous) et au marché de Noël de l'Église des Célestins (Place des Corps Saints), du 28 novembre au 28 décembre 2025.
• Site internet : maisontassan.com

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