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« La Magie des Automates » : quand les sports d’hiver s’invitent dans la mécanique de Noël

12 Décembre 2025 à 14h48

Mathilde Pallon - Co-fondatrice, rédactrice et photographe

Mon œil de photographe capture ce que ma plume de journaliste raconte. Passionnée d'art et de culture, je traduis ma curiosité en récits, visuels ou écrits. Mon objectif : offrir un regard neuf sur mes sujets et partager le plaisir de la découverte d'une manière qui vous captive.

C’est un rituel immuable qui, depuis douze ans, rythme la vie culturelle du Pontet. Au Château de Fargues, l’exposition « La Magie des Automates » a rouvert ses portes depuis le 1er décembre 2025 jusqu'au 2 Janvier 2026, transformant l’édifice historique en un théâtre de mouvements et de lumières. Cette semaine, la rédaction a enfilé moufles et bonnets pour partir à la découverte de cet événement incontournable. Avec une fréquentation oscillant entre 12 000 et 14 000 visiteurs annuels, l’exposition s’impose comme une tradition majeure, drainant un public familial bien au-delà du périmètre communal. Plongée dans les coulisses d’une horlogerie poétique orchestrée par Cédric et Christophe, les chevilles ouvrières de cette féerie hivernale.

« La Magie des Automates » : quand les sports d’hiver s’invitent dans la mécanique de Noël

Une tradition bien huilée

Loin des écrans et de la frénésie numérique, le succès de « La Magie des Automates » ne se dément pas. Pour cette douzième édition, l’engouement est toujours palpable au Château de Fargues. Si l’événement cible prioritairement un public familial, les organisateurs notent une diversité croissante parmi les spectateurs : de nombreux adultes franchissent seuls le seuil du château, venant chercher une part d’enfance ou simplement admirer la prouesse scénographique.

Cette année, les lutins et rennes traditionnels ont chaussé les skis. Le thème retenu, les sports d’hiver, offre une nouvelle perspective sur la féerie de décembre. Ce renouvellement thématique est le fruit d’une réflexion entamée près d’un an à l’avance. Cédric et Christophe, en charge du projet, travaillent en étroite collaboration avec un prestataire spécialisé pour sélectionner les automates, composant avec les stocks disponibles pour raconter, chaque année, une histoire différente.

Dans le respect de la tradition, une crèche provençale a été délicatement intégrée au milieu des scènes d'automates par l’association Canto Cigalo.

L'ingéniosité des services municipaux à l'œuvre

Si les automates proviennent d'un fournisseur externe, l’âme de l’exposition réside dans sa mise en scène, entièrement réalisée en interne. Durant les semaines précédant l'ouverture, une brigade de sept agents municipaux investit les lieux. Au-delà du simple montage technique, c'est un véritable travail de création artistique qui s'opère : conception des décors, réalisation de dioramas et aménagement de l'espace.

Cette année, l’équipe technique exprime une fierté particulière pour le « photobooth » installé à l'entrée. Imaginé et construit de toutes pièces à partir de planches de bois, cet espace témoigne de l’investissement des agents qui, bien au-delà de leur fiche de poste, s'approprient l'événement pour offrir une expérience immersive aux visiteurs. Une démarche artisanale qui fait écho à la robustesse des machines exposées : malgré une cadence soutenue de neuf heures de fonctionnement quotidien, la mécanique ne faillit pas, ne réclamant qu’un peu d’huile pour continuer à émerveiller.

Le défi architectural du Château de Fargues

Installer une telle exposition dans un bâtiment d'époque relève du défi logistique. Cet écrin prestigieux possède une histoire remontant au XIVe siècle, époque où la papauté s'installe à Avignon. Le château séduit alors par son éloignement des tumultes de la cité papale, devenant un lieu de villégiature privilégié. Restauré en 1982, il est aujourd'hui le cœur battant de la vie culturelle pontétienne, abritant le service culturel, le conservatoire et un lieu d'exposition aux normes muséales.

L’architecture du Château de Fargues, avec ses contraintes d’accessibilité et ses volumes historiques, impose une rigueur particulière lors du montage. Pourtant, ces contraintes se muent rapidement en atouts. Les murs en pierre, les poutres apparentes et les lustres majestueux offrent un cadre unique que n’aurait pas une salle des fêtes standard. Cette alchimie entre le patrimoine bâti et l’univers des automates confère à l’exposition une atmosphère singulière, presque hors du temps. Avec cet événement, la municipalité opère une désacralisation positive du patrimoine : une stratégie de démocratisation culturelle par le divertissement.

Pour inciter le public à s'attarder sur les détails de cette scénographie, un jeu de piste a été mis en place. Accessible dès 4 ans, cette quête ludique invite les visiteurs à ralentir le pas, à observer les minutieux mécanismes et les petites scènes cachées dans les décors, transformant la visite en une exploration active.

La résistance du tangible face au virtuel

À l’heure du tout-connecté, la fascination exercée par ces poupées mécaniques pourrait sembler anachronique. Il n’en est rien. Pour les organisateurs, l’ordinateur ne remplacera jamais la matérialité de ce spectacle. Les réactions des enfants, leurs yeux écarquillés dès l’entrée dans la salle, restent le moteur principal de l'équipe, balayant la lassitude qui pourrait naître de l'écoute en boucle des chants de Noël durant un mois entier. La mécanique visible et compréhensible fascine par sa complexité physique plutôt que par son abstraction numérique.

Si chaque édition apporte son lot de souvenirs, celle de « La Jungle de Noël », il y a quelques années, reste gravée dans les mémoires des organisateurs. Ce pari audacieux, mêlant la luxuriance tropicale aux codes de décembre, avait marqué les esprits par sa beauté visuelle, prouvant que la tradition peut aussi se nourrir d'exotisme. Pour découvrir la version glisse et montagne de cette année, aucune réservation n’est nécessaire pour les particuliers : l’accès demeure libre et gratuit, fidèle à la volonté municipale d’offrir la culture au plus grand nombre.