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Le chant du prophète de Paul Lynch : notre avis

29 Octobre 2025 à 14h43

Marguerite Romeuf - Critique Culture

Immergée dès sa naissance dans un univers artistique par une mère danseuse et un père acteur, Marguerite Romeuf, de son nom de comédienne Marie-Line Rossetti, développe le goût et la curiosité pour la création en théâtre contemporain et classique, en danse, opéra et peinture.

Présenté lors d’une émission télévisée intitulée « La Grande Librairie », par Augustin Trapenard, ce roman a retenu mon attention.

Il a été traduit de l’anglais (Irlande) par Marina Boraso, traductrice freelance, qui travaille principalement avec les éditions Albin-Michel, sur des projets très variés, en littérature anglaise, irlandaise, en l’occurrence, ce roman, et nord-américaine.

L’auteur, Paul Lynch, né en 1977 dans le comté du Donegal, situé au nord-ouest de l’Irlande, vit actuellement à Dublin.

Ses romans précédents, je cite, « Un ciel rouge, le matin », « La neige noire », Grace », et « Au-delà de la mer », ont quasiment tous été récompensés par des sélections et des Prix.

Le chant du prophète Dans ce roman, paru en janvier 2025, chez Albin-Michel, Paul Lynch nous tient en haleine, mêlant des évènements politiques fictifs, à l’histoire personnelle d’une mère de famille, Eilish, dont la vie quotidienne va subir des bouleversements majeurs qui modifieront sa psyché.

Les incidents successifs entraînent Eilish dans une course folle, pour résister à l’effondrement de son clan familial. Les disparitions d’individus se succèdent au sein d’une société irlandaise qui bascule dans la dictature, réduisant d’abord le droit à être syndiqué, comme l’est le mari d’Eilish, professeur et syndicaliste. S’ensuit l’opposition de l’Etat à toute manifestation d’ordre contestataire, qui se traduit par de sévères répressions policières. Et pour limiter les droits individuels, la section GNSB, branche spéciale de la Police, s’octroie le droit d’intrusion dans la vie privée des citoyens.

Ces méthodes ne sont pas sans rappeler un certain gouvernement Pinochet qui a sévi au Chili du 11 septembre 1973, grâce à un coup d’Etat de ce militaire, jusqu’au 11 mars 1990, faisant suite au référendum de 1988. Pour ne citer que cette dictature...

Ce portrait d’une démocratie qui glisse vers le totalitarisme d’Etat, est subtilement décrit par Paul Lynch, et nous rappelle la fragilité de nos démocraties occidentales.

Eilish et sa famille n’échappent pas à cette dérive totalitaire. Elles en font les frais, dans leur chair.

Le petit monde d’Eilish s’effondre autour d’elle, comme un château de cartes. Elle s’efforce de résister, seule face à ce cataclysme.

Le rythme du roman nous emporte tel un torrent tumultueux !

Paul Lynch fait l’économie des guillemets. Son écriture s’écoule, fluide, rapide, au fil de descriptions haletantes, mêlées aux dialogues des personnages.

Son roman va crescendo, comme un air d’Opéra, comme une tragédie antique !

Le sujet est universel. Il nous porte à réfléchir en profondeur, avec émotion, et nous met en garde.

Du confort d’une vie bien réglée, bien « huilée », tout peut s’effriter, s’effondrer, à tout moment, à cause de choix politiques inappropriés, masquant les dangers de dérives totalitaires.

A bon entendeur, salut !

Profondément humain, ce roman est à lire dans un souffle, comme un sursaut de vie !
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