Ann Format rectangulaire
Ann Format carré
Festival d'Avignon Recommandations Festival Avignon Critiques Programme Festival

Accueil > Critiques > Les Mauvais Bergers

Les Mauvais Bergers de Olivier Charruau : notre avis

30 Septembre 2025 à 11h56

"Une usine, un patron, des ouvriers (ères), effluves d’hier et d’aujourd’hui.
1827 - 2025 : une revisite de la tragédie d’Octave Mirbeau très fine et très juste d’un long fleuve intranquille.

Les Mauvais Bergers Jean Roule, un ouvrier leader anarchiste et Madeleine Thirieux - dont la mère vient de mourir d’épuisement-, lancent dans une grève ouvrière. Au nom de tous les autres, tous deux s’insurgent contre les inégalités sociales, le patronat, la pression économique alors que la fumée des usines monte au rythme des cris incessants du métal battu.

Les patrons aussi, à leurs manières, vont affronter leur propre justice, notamment Hargand dont le fils, Robert, tente une réconciliation avec le peuple, et cherche une solution.

La tendresse d’un amour naissant entre Jean et Madeleine survivra-t-elle au pouvoir oppresseur ?

Il est agréable de découvrir des initiatives créatrices comme celle du présent metteur en scène, Olivier Charruau de la Compagnie Idéal Nova, et de la production Scène Ecarlate de Fernand Prince qui mettent en avant des classiques de la littérature trop souvent oubliés, comme la présente tragédie d’Octave Mirbeau. Bien trop de classiques reviennent régulièrement au sommet de l’affiche et sont adaptées de manière récurrente sans que d’autres aient la chance d’être dépoussiérés.

Saluons ici ce fait particulier car "Les Mauvais Bergers" font partie de ces oeuvres monumentales trop souvent oubliées, d’autant que celle-ci a des échos si contemporains, aux lendemains de journées comme celles du 10 ou du 18 septembre derniers ou, de façon plus lointaine, de certains gilets jaunes.

Sur le petit plateau du Théâtre Montmartre-Galabru de PARIS, une comédienne attend patiemment que le dernier spectateur retardataire prenne place et chuchote aux oreilles d’un partenaire. On retourne en coulisses, on réapparaît, comme si quelque chose se tramai, dans une sorte d’impatience sourde.

C’est Madeleine, interprétée par Sandrine Calosse, une jeune femme fatiguée par le travail qui murmure à nos oreilles d’une voix douce, trop peut-être. Comme un signe avant le hurlement.

Puis, très vite, tout s’enchaîne avec élégance et grande fluidité jusqu’à l’explosion finale, sans que nous ne voyions le temps passer.

Des chants harmonieusement interprétés pas la majorité des comédiens(nes) ponctuent l’ensemble de la pièce, notamment celui interprété par la comédienne Mô, chanteuse, auteure, compositrice qui donne rapidement le ton à cette bien jolie pièce.

Au risque de nous répéter, elle n’est pas bien grande cette scène du Théâtre Montmartre-Galabru. Nous la connaissons pour y avoir joué à deux reprise, et nous nous interrogions sur la manière dont une telle tragédie pouvait bien y être transposée. Mais c’était sans compter sur savoir-faire et le talent de cette Compagnie dirigée par Olivier Charruau qui a su opérer des coupes nécessaires afin de rendre la pièce très contemporaine.

C’est pari gagné et nos interrogations ont été vite balayées!

Certes, sur le plateau, ce ne sont ni Sarah Bernhard ni Sacha Guitry qui jouent, comme en 1857, nous ne sommes pas au Théâtre de la Renaissance non plus. C’est autre chose, certainement, et cela nous convient parfaitement. La substantifique moëlle de la tragédie est bien présente, la verve anarchiste du bon berger Mirbeau se fait bien sentir, et ce, grâce aux jeux incarnés et sincères des six comédiens(nes) dont on sent la fougue dramaturgique.

Le tout savamment mis en place par une scénographie taillée au cordeau.

"Nos propositions sont justes et raisonnables. A vous de voir si vous préférez la guerre". Cela résonne à nos oreilles, n’est-il pas!?

Avec cette intelligente adaptation des "Mauvais Bergers " d’Octave Mirbeau, en notre rentrée sociale et politique pour le moins rocambolesque, et dont l’époque dans laquelle elle se déroule est imperceptible - et c’est très bien ainsi-, il nous est donné l’occasion de saluer aussi, indirectement, des initiatives comme celle des "Gueux" d’Alexandre JARDIN qui revendique à fort juste titre bien plus d’initiatives démocratiques et populaires, de referendum, de réappropriations citoyennes visant une réhabilitation de la souverainement populaire si nécessaire.
Utopie?!

"Il ne savait pas que c’était impossible. Alors ils l’ont fait" comme a dit TALLEYRAND.

Olivier Charruau et Scène Ecarlate l’ont fait. Et ce n’est pas utopique, loin de là !

Théâtre Montmartre-Galabru PARIS 75018
Du 16 septembre au 18 novembre les mardis à 19H30
Relâche le 7 octobre

Avec Sandrine CALOSSE, Olivier CHARRUAU, Arthur LINE, Mô et Gil SERAVEL.
Mise en scène Olivier CHARRUIAUI
Cie Ideal Nova
Production Scène Ecarlate
Théâtre contemporain
Tout public à partir de 12 ans.
Durée approx 1H20

Sponsorisé
 - Format carré
Commentaires
Connectez-vous pour laisser un commentaire.

Aucun commentaire pour le moment.

Avignon et Moi > Catégorie : Critiques > Article : Les Mauvais Bergers