Marguerite Romeuf - Critique Culture
Immergée dès sa naissance dans un univers artistique par une mère danseuse et un père acteur, Marguerite Romeuf, de son nom de comédienne Marie-Line Rossetti, développe le goût et la curiosité pour la création en théâtre contemporain et classique, en danse, opéra et peinture.
Ce film écrit, fort bien, et réalisé, parfaitement, par Christian Petzold, porte ce titre en référence à une pièce pour piano de Maurice Ravel. Titre dont le choix se justifie par l’activité de la protagoniste nommée Laura, jeune étudiante en musique à Berlin, pianiste en formation.
Comme cela caractérise la plupart des films ou des séries dans le cinéma allemand, les silences, les non-dits, une certaine pesanteur dans l’atmosphère, nous tiennent en haleine. Ce film pourrait se comparer à un bijou réalisé par un orfèvre !

Tout au long du film la tension est palpable. Les personnages, souvent pris en gros plans, n’ont pas nécessité à s’exprimer autrement que par leurs émotions. Les silences font que plane le mystère...
Pourquoi Laura, cette jeune femme, paraît-elle ailleurs, submergée d’un mal-être inexplicable ?
Pourquoi renonce-t-elle à ce week-end en compagnie de son copain ?
Pourquoi, en passant en voiture devant cette maison aux palissades blanches, son regard croise-t-il intensément celui de cette femme inconnue ?
Pourquoi, suite à son accident de voiture, où son copain perd la vie, Laura refuse-t-elle d’être emmenée à l’hôpital ?
Pourquoi veut-elle demeurer chez cette femme, qui a prévenu les secours, mais qui lui est totalement étrangère ?
Autant de questionnements qui nous envahissent !...Et auxquels on ne parviendra à répondre sans y voir une intervention divine, ou tout du moins d’ordre spirituel.
Chez cette femme inconnue, au comportement maternant, les objets ont cessé de vivre...le lave-vaisselle est hors service, et finira même par exploser, le robinet de l’évier fuit, le piano est fermé, la selle du vélo est cassée.
Avec l’arrivée de Laura dans cette maison, qui a quelque chose du château de La Belle au bois dormant, les objets reprennent vie peu à peu, grâce à l’intervention de deux hommes, revenus sur ce lieu qu’ils ne fréquentaient plus. Il s’agit du fils de Betty, l’habitante de la maison, et de son mari.
Quelque chose les avait séparés.
Les liens vont se reconstruire au fil de ce long-métrage, divinement orchestré par son réalisateur Christian Petzold. Rien ne peut nous échapper ! La subtilité des sentiments, leur imbrication complexe, les transferts affectifs, les accès de colère, et les apaisements.
La vie a un sens, qui parfois nous échappe, souvent pour notre bien...Ce film est celui de la réparation.
Vu à l’Utopia-Manufacture le 22 septembre 2025
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