Accueil > Portraits > Entretien avec Vincent Pasquinelli, guide conférencier et fondateur de Heart of Provence
2 Octobre 2025 à 15h15
Jérôme Chaudier - Rédacteur en chef et président
Jérôme Chaudier explore les coulisses culturelles et locales du Grand Avignon. Journaliste et développeur, il mêle passion du théâtre, regard critique et innovation numérique. Engagé auprès des artistes et du territoire, il défend une information libre, exigeante et proche des habitants comme des visiteurs.
Passionné d’histoire depuis l’enfance, Vincent Pasquinelli a choisi de consacrer sa carrière à la transmission du patrimoine. Après des expériences internationales, il a lancé Heart of Provence, une structure qui propose des visites guidées à la carte dans le Grand Avignon et en Provence. Dans cet entretien, il revient sur son parcours, ses méthodes et sa vision de l’avenir du tourisme local.
Avignon et Moi : Qu’est-ce qui vous a conduit au métier de guide conférencier ?
Vincent Pasquinelli : J’ai grandi au pied du Palais des papes et j’ai toujours eu une passion pour l’histoire. Même si j’ai suivi un bac scientifique, ma meilleure note a été en histoire. Après une licence de tourisme et économie solidaire, j’étais à Barcelone et j’ai répondu à une annonce pour devenir guide. J’ai été engagé et je suis immédiatement tombé amoureux du métier.
Vous avez aussi cofondé une agence en Inde. En quoi cette expérience a-t-elle nourri votre approche ?
En 2017, j’ai monté une agence en Inde qui existe toujours. J’aime établir des liens entre ce pays et Avignon. Au XIVe siècle, Avignon était capitale chrétienne, tandis que la ville où je vivais en Inde était capitale soufie. Cela m’a donné envie de mieux connaître ma propre ville et de partager ses lieux insolites et son histoire.
Pourquoi avoir créé Heart of Provence ?
Depuis la pandémie, il existe une pénurie de guides dans le Vaucluse et le Gard. Les offices de tourisme et monuments ont parfois des demandes ponctuelles mais ne peuvent pas embaucher à l’année. Heart of Provence permet de proposer des visites « à la carte », selon les besoins, sans les contraintes d’un poste permanent.
Avec quels lieux travaillez-vous déjà ?
Je collabore avec l’abbaye Saint-André à Villeneuve-lès-Avignon, la Chartreuse et l’office de tourisme du Grand Avignon. Nous proposons par exemple des visites thématiques dans des communes comme Vedène, Rochefort ou Roquemaure, qui méritent d’être mises en lumière.
Comment construisez-vous vos visites pour qu’elles soient accessibles ?
Je préfère parler en siècles plutôt qu’énumérer des dates précises. Cela rend l’histoire plus parlante. J’intègre aussi de l’humour et j’invite le public à participer. L’idée est d’éviter une visite qui ressemble à un cours magistral.
Votre projet des Noctambules d’Avignon a-t-il influencé Heart of Provence ?
Oui, lancé en 2018, il m’a permis d’acquérir une connaissance approfondie du territoire. Toutes ces expériences nourrissent ma capacité à proposer des approches originales et adaptées à différents publics.
Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?
Je souhaite partager au maximum l’histoire de cette région. Expliquer pourquoi tel château existe, pourquoi une abbaye a été construite, c’est donner du sens aux visiteurs et enrichir leur séjour.
Comment voyez-vous l’avenir du tourisme ?
Notre activité dépend directement de la stabilité économique, politique et sanitaire. La moindre crise nous touche immédiatement. Mais je pense qu’il est essentiel de mieux répartir l’attractivité entre Avignon et les communes voisines, qui ont beaucoup à offrir.
Si vous deviez choisir un lieu où vivre dans le Grand Avignon ?
J’aimerais un hôtel particulier dans le quartier de mon enfance à Avignon. Mais je suis très attaché à Villeneuve, où je réside aujourd’hui. Plus que la ville, c’est la maison et son histoire qui comptent.
Pour conclure, auriez-vous une anecdote historique à partager ?
J’aime raconter que, en 1441, le pont d’Avignon s’est écroulé, provoquant des affrontements meurtriers entre Avignonnais et Villeneuvois. Trois personnes se sont noyées, et il a fallu un traité de paix signé par le roi de France et le pape pour mettre fin au conflit. C’est un exemple de la manière dont un événement local peut avoir des répercussions politiques majeures.
Ainsi, Vincent Pasquinelli poursuit son engagement : faire vivre l’histoire en la rendant accessible, vivante et enracinée dans le territoire. Avec Heart of Provence, il propose une nouvelle manière de partager le patrimoine, en conciliant exigence et souplesse.
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