MIDNIGHT SOULS : notre avis
Spécialement créé en l'honneur de Jean-Michel OTHONIEL à l'occasion de son exposition COSMOS ou LES FANTÔMES DE L'AMOUR, représentations les 01/08/2025 et 02/08/2025 à 22h. Nous avons eu l'occasion de voir ce spectacle en avant-première.
Chorégraphie : CAROLYN CARLSON danseuse et chorégraphe mondialement reconnue depuis les années 1970.
Avec :
Le danseur étoile de l'Opéra de Paris HUGO MARCHAND
La danseuse CAROLINE OSMONT de l'Opéra de Paris
Le danseur de la Carolyn Carlson Company JUHA MARSALO
Décor : Les sculptures de JEAN-MICHEL OTHONIEL, sculpteur formé à l'Ecole nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy, connu pour ses oeuvres en perles et briques de verre de Murano ainsi qu'en Inox, recouvertes de feuilles d'or.
À l’occasion de l’exposition « Othoniel Cosmos ou Les Fantômes de l’Amour », présentée à Avignon jusqu’en janvier 2026, deux représentations exceptionnelles ont eu lieu dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes. Conçue par Carolyn Carlson avec l’appui de Sara Orselli, la chorégraphie Midnight Souls marque une première mondiale. Elle a été créée autour des sculptures monumentales de Jean-Michel Othoniel, installées spécialement sur scène. Interprétée par Hugo Marchand, Caroline Osmont et Juha Marsalo, sur des musiques de René Aubry et Philip Glass, cette œuvre éphémère unit danse et arts plastiques dans une mise en espace unique, rendue possible par la ville d’Avignon.
De la poésie plein les yeux !
On est saisi par l'éphémère de la danse en opposition à la persistance des œuvres sculptées.
C'est l'histoire d'amour impossible du poète italien Pétrarque pour Laure, rencontrée en avril 1327 dans la cité des Papes, qui a inspiré Jean-Michel OTHONIEL pour ses créations dans cette exposition, et par conséquent la chorégraphe Carolyn CARLSON.
L'émotion suscitée par ce spectacle a fait ressurgir en moi ce poème de Paul VERLAINE, Colloque sentimental :
« Dans le vieux parc solitaire et glacé, deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé deux spectres ont évoqué le passé »...
Cernés par les hautes murailles du Palais des Papes, nous voilà face à un immense plateau où trônent trois imposantes sculptures en briques de verre évoquant pour moi de grands arbres.
Dans le fond de la scène un décor en forme de vagues cachant, on le découvrira plus tard, un escalier qui monte et descend. Au centre du plateau, un îlot. Le tout en briques de verre.
Tout au fond un mur immense, imposant, troué de maintes fenêtres. Se cachent derrière les vitres les mêmes briques de verre qui seront illuminées tour à tour. Le cadre est féérique !
C'est à Cour qu'apparaît dans un costume gris bleu fluide Hugo MARCHAND. Il se déplace lentement le long de l'escalier masqué par les briques de verre, pour jaillir tout au bout à Jardin,
où il entame un solo poignant. Entre à son tour Caroline OSMONT qui effectue le même parcours tout aussi lentement. Dès lors se conjuguent en une sorte de « décoordination » voulue par la chorégraphe les évolutions dansées et les déplacements à marche lente, y compris à l'entrée par le centre de Juha MARSALO.
Que dire du Pas de deux dansé par Hugo MARCHAND et Caroline OSMONT, de la prestation de Juha MARSALO, si ce n'est que la technique est parfaite et l'expression artistique au sommet de l'Art ! Leurs arabesques frisent la perfection, leurs sauts sont des envols !
Le choix des costumes reste sobre dans une déclinaison de gris, et fluide, fidèle à la « patte » de Carolyn CARLSON qui s'est toujours distinguée par la fluidité et l'élégance de ses créations.
La bande-son qui accompagne les danseurs est riche d'instruments, piano, violoncelle, mandoline, guitare, et de bruitages divers, insectes, cloches, vent...
Il demeure un mystère...cette femme en noir, une danseuse sans doute, mais qui ne fait que traverser par moments l'espace, et dont le nom ne figure pas sur l'affiche.
Il faut croire que l'Art est nourri d'émotions, et de mystères...
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Article de : Marguerite Romeuf