Giono - la guerre - La marche du monde : notre avis

Un bijou dans un écrin noir.
La voix est posée, simple, évidente. Paul FRUCTUS met son talent au service de ce texte poignant. GIONO y décrit des scènes de tranchées (guerre de 1914-1918 qu'il a faite) avec force précisions, dans des termes crus, comme s'il se tenait à distance. Paul FRUCTUS en révèle toute l'ampleur. L'émotion livrée par l'acteur est mesurée, juste. Celle du public, qui reçoit ces images percutantes, est dense, tangible.

De la même manière que le matériau humain est utilisé par le Capitalisme comme force de production en vue du profit, de la même manière il est utilisé pour alimenter les guerres.
La constatation est marxiste. GIONO avait en effet adhéré à l'Association des écrivains et artistes (mouvance communiste) suite aux évènements au début des années 1930, pour ensuite s'en dégager, par méfiance.
Son texte nous raconte les horreurs, la misère physique et morale, la peur au ventre dans la vie des tranchées, la punition de mort par exécution imposée aux déserteurs.
Cela pourrait être insoutenable...mais on écoute, on regarde. Le langage corporel et la présence de Paul FRUCTUS nous embarquent dans cette sinistre visite avec calme et détermination, la voix toujours posée, sans esbroufes. Il vise et tire juste. Il atteint sa cible, nous, son public.
La bande-son créée par Adrien MEULIEN nourrit cet univers de façon subtile et magistrale. Elle apporte aussi au propos, comme des parenthèses, des bulles de détente.
La scénographie et les lumières, qui sont de Pierre VIGNA, campent à la perfection les divers moments par lesquels l'acteur nous fait visiter ce texte.

Comment ne pas établir un lien, évident, avec l'état actuel de notre monde après une telle proposition théâtrale ? Sans conteste, l'Art fait avancer !

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