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Le dernier jour de Pierre : notre avis
Avec Le dernier jour de Pierre, la compagnie Deraïdenz livre un conte sans paroles aussi déchirant qu’envoûtant. Ce théâtre de marionnettes, d'une beauté formelle rare, explore les profondeurs de l’âme humaine sans jamais céder aux facilités narratives. À travers un homme solitaire en errance, c’est la question du trauma, du sens, et de la consolation qui s’impose. Dans un dispositif scénique remarquable, le spectateur est plongé dans une traversée poétique, à la frontière du rêve et du cauchemar. Un moment suspendu, exigeant, déroutant, qui nous confronte à nos propres ténèbres - et, peut-être, à la lumière.
Un homme marche, seul. Il n’a ni sac ni destination apparente. Sa silhouette, muette, semble portée par l’invisible. Ainsi commence Le dernier jour de Pierre, œuvre singulière de la compagnie Deraïdenz, qui signe ici une pièce sans texte, mais non sans voix. Car si les mots se taisent, tout le reste parle : les gestes, les silences, les sons, les marionnettes.
Dans une scénographie d’une grande finesse, une vingtaine de figures surgissent, apparaissent, disparaissent, tentent d’entrer en contact avec cet homme énigmatique. Est-il en fuite ? En quête ? Ou simplement en train de vivre ses dernières heures ? Le spectacle ne donne pas de réponse, mais en pose mille. À chaque tableau, une émotion affleure : solitude, vertige, peur, et parfois une douceur inattendue.
La réussite tient aussi à une orchestration technique irréprochable. Créations musicales et sonores, jeux d’ombres et de lumière, matières et textures des marionnettes… chaque élément participe à ce voyage sensoriel. Le spectateur est happé, parfois troublé, souvent bouleversé. Deraïdenz ne cherche pas à convaincre par un discours, mais à remuer par l’expérience.
Il y a chez Pierre quelque chose d’universel : la vulnérabilité d’un être face à l’incompréhensible. En le suivant, nous acceptons de nous confronter à nos angoisses les plus sourdes, à notre besoin de consolation, à la noirceur qui nous habite. Le dernier jour de Pierre n’est pas une pièce que l’on regarde, c’est une pièce que l’on traverse. Et dont on ne ressort pas tout à fait intact.
Festival Avignon 2025
Du 5 au 19 Juillet 2025 (relâche les 6, 13 juillet)
Horaire : 10h20
Lieu : TRAIN BLEU (THÉÂTRE DU)
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Article de : Fabien Dworczak (Correspondant)
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