Transformer un coma en comédie est une promesse audacieuse. Avec Mille Cent Jours, Stéphane Titeca la tient en choisissant le parti pris de l'absurde pour raconter une histoire de résilience. Le résultat, présenté au Théâtre des Gémeaux, est une fable pleine d'inventivité et de tendresse, qui trouvera un écho particulier auprès des amateurs d'humour décalé.
Inspirée de l'histoire vraie du comédien Régis Romele , la pièce nous plonge dans l'esprit d'Alexandre, cloué sur un lit d'hôpital après un accident. Plutôt que le drame attendu, son imaginaire sous morphine lui fait vivre un huis-clos onirique et déjanté. Le récit se fait depuis l'intérieur du cerveau du narrateur, où son principal interlocuteur est une salade bavarde nommée Batavia.
Ce parti pris, qui fait toute l'originalité de la pièce, demande au spectateur d'y adhérer pleinement pour en savourer toute la durée (1h15). La mise en scène, qui permet à Alexandre de commenter sa propre histoire, confère un dynamisme certain, rompant avec la monotonie potentielle du cadre hospitalier. L'humour, direct et accessible, s'appuie sur des jeux de mots et des situations burlesques qui visent une efficacité immédiate. Ce choix d'un absurde généreux et frontal séduira, même si l'on pourrait parfois souhaiter qu'il laisse place à des nuances plus complexes.
La structure, rythmée par quelques éclats de rire et sourires, privilégie la légèreté et l'optimisme. L'émotion, bien que présente, reste ainsi pudique, se concentrant sur la trajectoire ascendante de la guérison plutôt que sur les vertiges de la douleur. Portée par la sincérité évidente de Régis Romele qui incarne son propre combat, la distribution sert cette partition avec une belle énergie. Les références à la culture populaire, tel le clin d'œil à Vice-Versa, sont autant de balises sympathiques qui ancrent le récit dans un imaginaire partagé, quitte à laisser en suspens une exploration plus intime des tourments du personnage.