Accueil > Interviews > Rencontre avec Florence Pernel et Bernard Malaka : « Still », les retrouvailles passionnées d’un amour de jeunesse

Rencontre avec Florence Pernel et Bernard Malaka : « Still », les retrouvailles passionnées d’un amour de jeunesse

Trente ans après une séparation brutale, un homme et une femme se retrouvent. C'est le point de départ de Still, une pièce de l'autrice américaine Lia Romeo, présentée en création au Festival Off d'Avignon. Sur la scène du Théâtre du Chien qui Fume, le duo de comédiens Florence Pernel et Bernard Malaka, réunis par la mise en scène d'Anne Bouvier, explore les méandres d'un amour passé qui ressurgit. Ils nous racontent la genèse de ce projet et les thèmes universels d'une pièce qui interroge le temps, le désir et les choix qui façonnent une vie.

Rencontre avec Florence Pernel et Bernard Malaka : « Still », les retrouvailles passionnées d’un amour de jeunesse
26 Juillet 2025 à 18h31 Par Jérôme Chaudier

Avignon et Moi : Pourriez-vous nous présenter l'histoire de Still ?

Florence Pernel : C’est l’histoire d’un homme et d’une femme, aujourd'hui âgés d'un peu plus de 60 ans, qui se sont aimés passionnément durant leur vingtaine. Leur histoire s'est terminée de manière violente et chacun a ensuite construit sa vie de son côté. Ils ne se sont pas revus depuis plus de trente ans.

Bernard Malaka : Et voilà qu'un jour, il lui envoie un message pour la revoir à Baltimore, la ville où elle s'est installée. À partir de là, la pièce pose toutes les questions : pourquoi ce besoin de se revoir maintenant ? Que cherche-t-il ? Quel compte vient-elle régler ? Est-ce que les retrouvailles vont se dérouler comme on pourrait l'imaginer ? Ne sont-ils pas marqués par trente ans de vies menées en parallèle ? Se sont-ils vraiment oubliés ? Pour connaître les réponses, il faudra venir voir la pièce.

Florence Pernel : C'est une pièce américaine de Lia Romeo, que nous avons choisi de conserver dans son contexte, car cette dimension a son importance. Elle a été magnifiquement adaptée et étoffée par Christian Simeon, qui est lui-même un grand auteur.

D’où est venue l’envie de porter ce texte à la scène tous les deux ?

Florence Pernel : Tout part d'un désir commun de rejouer ensemble. Il y a deux ans, nous étions à Avignon dans Le Huitième Ciel de Jean-Philippe Daguerre, un spectacle que nous avons ensuite joué à Paris et en tournée. Nous avons adoré travailler ensemble, il y avait une véritable alchimie de couple sur scène et un immense plaisir de jouer.

Bernard Malaka : Le public et la critique l'ont ressenti aussi, ce qui nous a évidemment encouragés dans cette voie.

Florence Pernel : C'était avant tout une envie personnelle. J'ai donc commencé à chercher un texte et j'en ai parlé à mon agente, qui est revenue vers moi un peu plus d'un an après avec cette pièce, tout juste arrivée de New York. Je l'ai lue en anglais et j'ai tout de suite senti qu'il y avait quelque chose de fort. Je l'ai transmise à Bernard, qui a partagé cet avis. Il nous manquait cependant un petit quelque chose, peut-être une fin différente, une épaisseur supplémentaire pour éviter que le texte ne soit trop ancré dans une certaine théâtralité américaine, où le public vient surtout pour voir un "numéro" de comédiens connus.

Bernard Malaka : Nous voulions que la pièce raconte avant tout l'histoire profonde d'un homme et d'une femme, avec leur vécu, leurs "valises" pleines d'expériences. Nous avons donc confié l'adaptation à Christian Simeon, qui s'est approprié le texte avec sa propre plume d'auteur, tout en respectant la musicalité de l'œuvre originale. Heureusement, l'autrice, Lia Romeo, a donné son accord.

Une femme à la mise en scène, Anne Bouvier, s'est imposée comme une évidence ?

Florence Pernel : Oui. Bernard travaillait déjà avec Anne et j'avais très envie de collaborer avec elle. C'est rapidement devenu une évidence. Anne a ensuite réuni le reste de l'équipe, avec la scénographie d'Emmanuel Charles, la musique de Philippe Kelly et les lumières de Denis Koransky.

Quels ont été les défis pour vous approprier ces personnages ?

Bernard Malaka : La chose la plus simple, si l'on peut dire, a été notre plaisir de jouer ensemble. La pièce explore des moments de grande intimité, et le fait de bien se connaître et d'avoir déjà travaillé ensemble nous a certainement aidés. En revanche, aborder les personnages n'a pas été simple. Le travail avec Anne a été précieux.

Florence Pernel : Elle a été extrêmement précise. C'est une véritable "dentellière de l'âme". Elle nous a aidés à trouver le juste équilibre pour que ces personnages, bien qu'Américains, aient une portée universelle et que le public français puisse s'y reconnaître.

Si vous deviez choisir trois mots chacun pour qualifier la pièce ?

Bernard Malaka : Je dirais : brutalité, passion et politique.

Florence Pernel : Et moi : règlement de comptes, et... amour. Difficile de ne pas dire amour. C'est le moteur de tout. C'est l'amour qui pousse ces deux personnages à se télescoper, à s'affronter, à s'éloigner et se rapprocher. Ils sont terribles l'un envers l'autre.

C'est une création pour le Festival d'Avignon. Avec quel sentiment souhaitez-vous que les spectateurs repartent ?

Bernard Malaka : Avec une véritable interrogation. La fin de la pièce soulève une vraie question. Nous avons eu l'occasion de jouer devant cinq personnes, à cinq reprises différentes, et chacune a eu un avis et une interrogation distincte à la fin.

Florence Pernel : L'une de ces expériences a été particulièrement marquante. Une jeune femme de 27 ans est venue assister à une répétition. Son point de vue était magnifique. Elle nous a dit : "C'est merveilleux de voir un couple de la génération de mes parents être encore en prise avec l'amour, l'érotisme, le désir, la sensualité et la sexualité." La pièce évoque aussi leur jeunesse, ce qu'ils étaient trente ans plus tôt, et cette spectatrice s'est retrouvée dans cette évocation.

Vous ne la qualifieriez donc pas de comédie romantique ?

Florence Pernel : Non, "romantique" n'est pas le bon mot. Je dirais plutôt une comédie amoureuse effrénée, passionnée.

Bernard Malaka : Oui, passionnée, c'est exactement ça.

Vous avez une question ? Cliquez-ici !
Article de : Jérôme Chaudier
Partager sur : Facebook - X (Twitter) - Linkedin
Sponsorisé :
Prestations - Avignon et Moi - Format carré
Sponsorisé :
Prestations - Avignon et Moi - Format carré
Commentaires
Connectez-vous pour laisser un commentaire.

Aucun commentaire pour le moment.

Avignon et moi > Categorie : Interviews > Article : Rencontre avec Florence Pernel et Bernard Malaka : « Still », les retrouvailles passionnées d’un amour de jeunesse

Recevez la newsletter Avignon et Moi

Les bons plans, critiques, sorties et actus deux fois par semaine dans votre boîte mail.

S’inscrire gratuitement