Derrière l’apparente harmonie d’un foyer bourgeois, Pièce en plastique décape les illusions et met à nu les névroses d’une famille en décomposition. Farce acide et mordante, ce huis clos familial vire à la satire déjantée, flirtant avec l’absurde. Quand Jessica entre en scène, ce n’est pas seulement pour faire le ménage : c’est pour dynamiter la façade.
« Famille je vous… hais ». Ce cri déformé par la farce résonne longtemps après Pièce en plastique, satire domestique aussi drôle qu'inquiétante. Ulrike, Michael et leur fils Vincent forment une cellule familiale en apparence unie. Mais sous la surface, les masques glissent, les tensions surgissent, et la mécanique se dérègle jusqu’à l’implosion.
La mise en scène, précise et cinglante, s’appuie sur un texte au vitriol qui écorche les archétypes bourgeois. Ici, l’ordre est névrose, l’amour est mise en scène, et la tendresse devient un rôle social. Le décor épuré devient alors le théâtre d’un désastre d’une rare cruauté.
Jessica, l’aide-ménagère, incarne une présence étrange, calme, presque clinique. Elle traverse les scènes comme une ombre lucide, révélant, par contraste, la folie ordinaire des autres personnages. Est-elle la voix de la raison ou le révélateur du chaos ?
Les comédiens excellent dans cette partition cruelle. Leur jeu, subtil et tranchant, nous fait rire… mais souvent à contretemps, dans l’inconfort. La salle rit, mais d’un rire nerveux, presque coupable. On assiste à l’effondrement des convenances avec un mélange de fascination et de malaise.
Avec Pièce en plastique, c’est toute l’illusion du bonheur domestique qui s’effondre, lentement, méthodiquement. Une comédie noire, implacable, où l’on nettoie les surfaces sans jamais faire briller l’essentiel. Brutal et brillant.
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