1984, Thelma a 11 ans. Un âge où l’on joue, où l’on rêve. Mais dans son petit village, une vérité claque comme un fouet : son père n’est pas son père. Sa mère demande le divorce. Tout explose. Et Thelma, avec son frère Romane, est embarquée dans une fuite sans retour vers un avenir incertain.
Dans ce seul-en-scène autobiographique intense, la comédienne donne corps et voix à une enfance brisée. Thelma traverse les années, les silences, les fractures. Tour à tour gamine vive, ado déboussolée, jeune femme en quête d’identité, elle devient mille visages : la fille rejetée, l’élève incomprise, la rêveuse qui s’accroche au théâtre comme à une bouée.
Et puis il y a les masques. Ceux que l’on porte pour survivre : anorexique, narcoleptique, boulimique, alcoolique… Des états plus qu'une pathologie, des rôles de protection. Car il y a quelque chose, tapi dans l’ombre du récit. Quelque chose que le spectateur ressent, sans que jamais il ne soit nommé. Cache-Cache joue avec les nerfs, les non-dits, les silences lourds. Et certains ne comprendront peut-être que trop tard ce que signifie réellement ce “cache-cache”.
C’est une pièce sur la résilience. Sur l’amour qu’on cherche. Sur le manque qui détruit. Une seule figure tendre subsiste : la grand-mère, qui donne à Thelma ce que le reste du monde lui refuse.
L’écriture est fine, parfois lyrique, souvent crue. La mise en scène sobre, rythmée par une musique discrète, presque cinématographique, laisse la comédienne rayonner d’une justesse glaçante. Ce n’est pas une pièce qui s’applaudit à la légère. C’est une pièce qui marque, qui serre la gorge, et qui nous suit longtemps.
Une descente pudique dans l’indicible, portée par une interprète remarquable. Cache-Cache, ou comment le théâtre peut dire l’horreur avec les mots de l’enfance.