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Les CDJSFA : Le Festival d'Avignon pour tous, une mission d'ouverture culturelle sans cesse renouvelée

Depuis 1959, les Centres de Jeunes et de Séjours du Festival d'Avignon (CDJSFA) œuvrent pour rendre le bouillonnement culturel avignonnais accessible au plus grand nombre, en particulier aux publics qui en sont éloignés. Olivier Przybylski-Richard, son nouveau directeur, nous dévoile les rouages et les ambitions de cette institution unique, véritable porte d'entrée vers l'expérience festivalière.

Rencontre avec Olivier Przybylski-Richard, qui a pris les rênes des Centres de Jeunes et de Séjours du Festival d'Avignon (CDJSFA) en novembre 2023. Fort d'une longue expérience au sein des Ceméa (Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Éducation Active), il porte avec conviction la mission de démocratisation culturelle chère à cette association historique.

Les CDJSFA : Le Festival d'Avignon pour tous, une mission d'ouverture culturelle sans cesse renouvelée
30 Mai 2025 à 15h04 Par Jérôme C.
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Une genèse sous l'impulsion de Jean Vilar

L'histoire des CDJSFA est intimement liée à celle du Festival. "Les centres sont nés institutionnellement en 1959," explique Olivier Przybylski-Richard. Mais l'idée germa dès 1957, lorsque Jean Vilar, père du Festival, sollicita Henry Laborde, directeur du Mouvement d’Éducation Populaire, les Ceméa pour "organiser des séjours de jeunes étrangers afin de découvrir la France à travers l'événement culturel qu'est le festival, la France et la Provence." Le défi fut relevé avec succès, accueillant 200 jeunes étrangers via les Alliances Françaises. L'association tripartite - Ville d'Avignon, le Festival d'Avignon, et les Ceméa - fut alors créée, la ville fournissant les lieux d'hébergement (des écoles) et des moyens logistiques, le Festival l'accès à la programmation et aux artistes, et les Ceméa leur expertise en encadrement de séjours culturels.

Une offre diversifiée pour un public large

Aujourd'hui, les CDJSFA accueillent environ 1200 personnes par an. Les séjours, d'une durée de 5 à 9 jours, s'adressent prioritairement à ceux qui ne viendraient pas spontanément au Festival : "80% des publics que l'on accueille viennent pour la première fois," souligne le directeur. Ce public est majoritairement jeune (70%), issu de structures éducatives, sociales ou médico-sociales, complété par des inscriptions individuelles et 30% d'adultes. Un partenariat notable avec le Secours Populaire Français permettra en 2025 d'accueillir 110 jeunes adultes de France et de l'étranger.

Nouveautés : accueil à la journée et séjours en famille

Pour renforcer le lien avec le territoire avignonnais, les CDJSFA développent l' "accueil à la journée". Plus souple, ce format propose dès 10h un atelier expressif, un repas partagé, un spectacle l'après-midi suivi d'un temps d’échange et de discussion. Autre innovation : les "séjours famille". Sur 4 jours, ils permettent "à chaque protagoniste de la famille de vivre son festival, mais aussi de vivre des choses ensemble." Ainsi, parents et enfants peuvent assister à des spectacles communs (souvent du "In", choisi en amont par les CDJSFA) et à des propositions différentes (plus de souplesse avec le "Off"), toujours ponctués d'ateliers favorisant l'échange et la préparation ou le retour sensible sur les œuvres vues.

La pédagogie au cœur du projet

"L'enjeu est de pouvoir faire que les personnes se disent : ça fait partie de mes droits culturels," martèle Olivier Przybylski-Richard. Les méthodes d'éducation active sont centrales : il ne s'agit pas seulement de voir des spectacles, mais de "mettre les gens en interaction, en relation, en utilisant des formes d'expression." L'objectif est de lever l'autocensure ("ce n'est pas pour moi, je n'ai pas les codes") et d'amener les participants à s'approprier l'expérience, à devenir "acteurs et auteurs de leurs vacances." C'est une manière de les accompagner vers des propositions artistiques, notamment celles du Festival d’Avignon, perçues parfois comme intimidantes.

Des défis et des réussites inspirantes

La principale contrainte actuelle est la capacité d'hébergement. "À une époque, on pouvait accueillir 1700 personnes," rappelle le directeur. La raréfaction des écoles disponibles (sollicitées par d'autres, normes de sécurité plus strictes, plan Vigipirate) a réduit cette capacité à environ 400 personnes en simultané, pour un total de 1200 sur la durée du festival. Malgré cela, l'impact des CDJSFA est tangible. Olivier Przybylski-Richard cite avec fierté les parcours de Rebecca Chaillon, artiste reconnue internationalement, et de Mohamed El Khatib, également figure majeure de la scène contemporaine. Tous deux ont découvert le festival via les CDJSFA, la première en tant que lycéenne puis animatrice, le second comme militant des Ceméa et encadrant. Plus récemment, trois jeunes ayant participé au séjour "Voir et faire du théâtre" ont postulé pour devenir agents polyvalents, témoignant de l' "ambiance extraordinaire" et de l'influence de cette expérience sur leurs choix d'études théâtrales.

Une machine bien huilée et un engagement bénévole massif

L'organisation repose sur une petite équipe permanente (le directeur et une assistante administrative), renforcée dès avril par des stagiaires et un chargé de billetterie (gérant près de 3800 billets). Pendant le festival, une trentaine de saisonniers (cuisine, régie, entretien) sont embauchés. Mais le cœur battant des CDJSFA, ce sont les "90 animateurs et animatrices bénévoles chaque année", issus majoritairement du réseau Ceméa, qui encadrent les séjours dans les cinq "maisons" (lieux d'accueil).

Une démarche écoresponsable et éducative jusque dans l'assiette

S'inscrivant dans l'économie sociale et solidaire, les CDJSFA portent un projet alimentaire ambitieux : "privilégier le circuit court, le local, le de saison, réduire la proportion d'aliments carnés, réduire le gaspillage," détaille Olivier Przybylski-Richard. Une démarche expliquée aux participants, notamment aux plus jeunes, pour les ouvrir à d'autres saveurs et à une alimentation réfléchie, en écho à l'ouverture proposée par les spectacles.

Face à ceux qui hésiteraient encore, le message d'Olivier Przybylski-Richard est clair : "Oser le culturel avec d'autres. C'est l'élément central : je découvre, mais je vais rencontrer des gens qui découvrent aussi. On est tous au même niveau." Une invitation à se laisser embarquer dans un mouvement collectif, respectueux de chacun, pour une expérience transformatrice au cœur du plus grand festival de théâtre du monde.

Voir le flyer des CDJSFA

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Article de : Jérôme C.
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