Ce récit déchirant illustre les Fractures de Yasmine, à travers divers prismes. Ses dessins et archives en cassettes montrent la petite fille qu’elle était, en toute inconscience, et pleine de questions qui n’ont cessé de s’intensifier au fil de son évolution. Comprendre l’histoire de son père, déceler les silences, c’est l’enjeu de son histoire et tout ne se passera pas comme prévu. C’est à travers un jeu de mémoire et de reconstruction de son histoire que Yasmine, comédienne de ce seul en scène, retrace la vie de son père, de son enfance et de leur fracture. Destiné à un public adulte.

C’est avant tout le récit des conséquences de l’impérialisme sur l’Algérie. Le récit d’une descendante du traumatisme algérien qui s’imbrique avec une autre problématique : l’alcoolisme.
La comédienne Yasmine Yahiatène, ses longs silences et tracés minutieux dessine l’Algérie de son père au travers de ses expériences de son enfance à maintenant. On regarde ses souvenirs avec une certaine émotion, encore et toujours ravivée par des souvenirs.
Elle livre un objet “de peu de mots” pour la citer, à l’image de la coupure entre elle et son père qu’elle quitte avec douleur, lui-même ayant perdu pied.
Devenue l’objet de ses souvenirs, elle revit son enfance avec lui grâce à son camescope, aux images reflétées au projecteur. Elle représente sur scène autant la petite Yasmine que celle qui se trouve devant nous, par sa présence et ses comportements scéniques, en allant jusqu’aux objets utilisés, sous les yeux des spectateurs attentifs. Elle se balance entre excitation et sidération, silences et bruits soudains pour trouver le spectateur dans ce qui représente son intimité. On la sent remplie de maux et prête à tout dire, tout sortir à chaque instant, à l’image d’une cocotte minute, tout particulièrement avant de montrer chaque vidéos capturées dans ses cassettes. C’est de cette manière qu’on y découvre les épisodes de sa jeunesse qui ont formé la personne qu’elle est aujourd’hui.
On comprend par les événements aussi banals que marquants, comment elle s’est construite, les dynamiques et subordinations qui s’en suivent. Elle se balance entre spectatrice de sa propre histoire et auteure, coupée d’une part d’elle-même par la fracture avec ses origines kabyles. On n’en parlait pas à la maison, son père ne parlait pas sa langue maternelle à la maison ni ne parlait tout court à sa fille de ce qui importe, de son histoire.
Elle incarne par sa condition et ce récit le portrait de ce qui suit du voyage migratoire et de l’adaptation comme sacrifice de soi, le tout dépeint par ses cris de détresse, tentant en vain de faire dire à son père toute la vérité et lui faire retrouver raison.
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