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Family Therapy de Sonja Prosenc : notre avis

2 Septembre 2025 à 11h28

Marguerite Romeuf - Critique Culture

Immergée dès sa naissance dans un univers artistique par une mère danseuse et un père acteur, Marguerite Romeuf, de son nom de comédienne Marie-Line Rossetti, développe le goût et la curiosité pour la création en théâtre contemporain et classique, en danse, opéra et peinture.

Un film slovène à l’épure parfaite, tant sur le plan de l’image que des dialogues.
Les silences créent une atmosphère lourde, qui souligne le poids des névroses dans cette famille apparemment parfaite selon les critères sociétaux.

Ce film réalisé par Sonja PROSENC a été sélectionné au Festival de Tribeca qui a lieu du 4 au 15 juin chaque année. Tribeca est un quartier de l’arrondissement de Manhattan à New York. L’intrigue se déroule dans une grande maison très moderne, aux innombrables vitrages donnant sur la forêt. Un personnage à elle seule.

Family Therapy Dans la pièce de théâtre « LES BONNES » de Jean GENET, Solange dit à sa sœur : « Je suis au-delà de toi ».C’est ce que pourrait énoncer à son père Julien, le fils d’Aleks, mais aussi à sa belle-mère. Débarqué dans cette famille qu’il ne connaît pas, hormis son père, par qui Julien a été invité, son personnage va chambouler l’équilibre construit sur les apparences par la famille, et tisser avec sa demi-soeur une complicité qui sera salutaire et libératrice pour la jeune adolescente.

Les dialogues sont réduits à l’essentiel. Les petits bruits du quotidien, comme la déglutition ou l’évacuation d’un lavabo, sont très présents. Les situations parlent d’elles-mêmes.

Cette maison à l’aspect aseptisé participe à l’effondrement de l’équilibre établi. Des vitrages éclatent. Une biche s’introduit dans la maison. La biche, animal sauvage et élégant, symbole fort qui incarne la féminité sacrée, et enseigne la valeur de la protection maternelle, tout en soulignant le rôle de l’amour et de la compassion. L’amour et la compassion, voilà ce qui était jusque-là absents dans cette famille ! Le premier plan du film l’évoque par une image puissante : en voiture la famille passe avec une grande indifférence devant un véhicule en feu, dont les occupants se sont enfuis mais restent prostrés tout près. Parmi eux un enfant. Ceux-ci viendront d’ailleurs réclamer de l’aide pour la nuit. Aleks et son épouse les nomment « migrants » alors que leur adolescente les appelle les « touristes ».Par ce simple détail la portée politique du film est signifiante.

Ce couple ne communique quasiment pas, ni ensemble, ni avec leur fille. La tendresse est absente de leurs rapports. L’arrivée de Julien, étranger à leurs névroses, va peu à peu bouleverser la situation. Il apprend à sa petite sœur l’expression en français « Putain, c’est dur ! ». Car dans ce film les échanges se font tantôt en anglais, en slovène et en français. Ce qui est pour le moins original car peu commun.

Les prises de vues sont épurées et superbes. Les couleurs sont crues. La bande-son, elle aussi très soignée, accompagne avec subtilité et puissance l’intrigue.

Ce film nous raconte un tsunami émotionnel au sein d’une famille dysfonctionnelle, avec toutes les conséquences positives qui en découlent. C’est une réussite cinématographique par laquelle on peut saluer le travail et le talent de la réalisatrice Sonja PROSENC !
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