Marguerite Romeuf - Critique Culture
Immergée dès sa naissance dans un univers artistique par une mère danseuse et un père acteur, Marguerite Romeuf, de son nom de comédienne Marie-Line Rossetti, développe le goût et la curiosité pour la création en théâtre contemporain et classique, en danse, opéra et peinture.
En sortant de ce film, on a l’impression d’avoir reçu un coup de poing dans le plexus. A sa place un homme serait considéré en héros. Mais une femme est assignée par la société à être une mère avant tout ! Et considérée comme une mauvaise mère dès lors qu’elle y déroge pour s’engager en politique et militer. Tout du moins en Iran. L’héroïne, Maryam défend les droits des femmes iraniennes.

Le choix de ce prénom n’est pas anodin. Maryam en hébreu signifie « aimée » ou « chérie » évoquant la tendresse et l’affection. Mais selon certaines interprétations en lien avec les récits bibliques de Miryam, la sœur du prophète Moïse, ce prénom est associé à l’idée de rébellion et de forte personnalité. Notre héroïne rassemble en elle tous ces traits de caractère.
Être militante en Iran pour défendre les droits des femmes conduit à la prison. C’est le cas de Maryam qui n’a pas pu voir grandir son fils et sa fille, devenue adolescente. De même que sa meilleure amie, nommée Bita, qui signifie « unique », elle aussi activiste et militante, séparée de son mari et de ses enfants. Leur sacrifice est grand. « Je ne suis pas triste », dit Maryam, « je suis le chagrin ».
Le film débute par un noir, on entend une voix extérieure... On est dans le coffre d’une voiture. Nous voilà habilement plongés dans l’intrigue par le réalisateur ALI SAMADI AHADI (né en 1972, il a donc grandi sous le régime des mollahs). Une voiture pourvue d’un grand coffre, et des valises...un voyage s’annonce. Mais il s’agit de fuite et d’exil. Et pour Maryam le voyage sera un périple !
Les autorités lui ont accordé sept jours de liberté pour des analyses et des soins suite à son hospitalisation pendant son incarcération. Qu’en fera-t-elle ?
Le film repose sur le dilemme qui hante Maryam...fuir ou rester en Iran et résister. Retrouver le bonheur en famille dans l’exil ou retourner en prison dans sept jours.
« Je veux leur apprendre que la peur et la fuite ne sont pas des solutions », dit Maryam à son mari au sujet de leurs enfants, dont il s’occupe seul depuis des années, soutenant moralement sa femme.
Mais le ressenti des enfants est tout autre... « Tu as choisi tes idées plutôt que ta famille ! Tu ne peux pas prendre soin de nous et tu veux sauver le monde ! »lui jette à la figure sa fille.
Par le biais de gros plans où les sentiments et les émotions des personnages se lisent, nous nous sentons connectés et concernés par les problématiques et les drames qu’engendre un régime totalitaire et meurtrier, en l’occurrence celui qui, ayant renversé la dynastie des PAHLAVI, règne en Iran depuis 1979.
Le propos de ce film est politique, féministe, et tellement profondément humain ! En cela son langage est universel.
Il m’est venu à l’esprit cette chanson écrite en 1981 et interprétée par ce groupe punk THE CLASH « Should I stay or should I go ». C’est le dilemme que vit Maryam. Que choisira-t-elle ?...L’exil avec les siens, mais l’Iran va l’oublier, ce qui arrangerait le pouvoir des mollahs. Ou bien retourner en prison au terme de ces sept jours et continuer sa lutte...demeurant ainsi une figure forte, symbole de la résistance...
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