Mathilde Pallon - Co-fondatrice, rédactrice et photographe
Mon œil de photographe capture ce que ma plume de journaliste raconte. Passionnée d'art et de culture, je traduis ma curiosité en récits, visuels ou écrits. Mon objectif : offrir un regard neuf sur mes sujets et partager le plaisir de la découverte d'une manière qui vous captive.
Cindy et Paolo sont SDF et ont élu domicile dans un parc. Ils semblent mener un train de vie ordinaire entre la misère, la faim lancinante et le regard indifférent des autres qui les rend "invisibles". La pièce s’ouvre sur une nuit où Cindy, n’arrivant pas à dormir, réveille son compagnon d’infortune pour qu’il lui conte à nouveau une de ses anecdotes sur sa vie antérieure, celle où il était un Monsieur respectable et respecté, menant une vie de luxe très éloignée de son quotidien actuel. Paolo a l’âme d’un conteur et sait manier les mots, mais cela ne remplit pas l’estomac de Cindy qui crie famine ! Rien de plus normal pour un SDF de faire les poubelles, ce que se met à faire la jeune femme. Jusqu’à ce que celle-ci tombe sur une chaussure avec un pied dedans… Comment vont-ils réagir ? Que vont-ils faire ?

C’est avec brio et humour que l’auteur de la pièce nous fait entrer dans le quotidien plus que singulier de deux personnes à la rue. On pourrait s’attendre à une histoire banale, entre deux personnages misérables, mais voilà que le sujet de la pièce prend un tournant plus que surprenant. Je pouvais m’attendre à tout sauf à un pied humain dans une chaussure retrouvée dans un parc. Et c’est en cela que réside la note d’originalité de cette pièce, et pas seulement : le discours des comédiens est maîtrisé, le jeu d’acteur percutant, l’humour léger mais déjanté de Paolo qui brandit la chaussure (avec le pied dedans !) sous le nez des spectateurs ! C’est osé, il faut le dire, mais ça marche, ça fonctionne ! Pas de malaise avec Paolo et Cindy, soyons naturels tout autant qu’ils le sont avec nous.
La mise en scène est cohérente et lisible : des habitations de cartons, un banc entre les deux servant de trait-d’union et en toile de fond le parc entre sa végétation et ses vieilles pierres qui nous inciteraient presque à rejoindre les deux protagonistes. On donne un coup de pied aux préjugés sur les sans-abris et voilà qu’on retrouve deux personnages sympathiques, naturels, mis en scène dans un parc agréable, rien ne nous répugne (à part le pied). On peut alors s’en donner à cœur joie pour rire du comique de situation.
Et pour finir, je ne dis pas merci à l’auteur de la pièce qui a choisi, à mon grand regret, de clôturer cette délicieuse farce un peu trop vite, à mon goût…
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Avignon et Moi > Catégorie : Critiques > Article : La ballade des perdus