Pasolini... Qu’avez-vous fait de moi ? de Olindo Cavadini : notre avis

« Un gato, solo come un gato », nous dit l’acteur, citant Pasolini.
Un chat, seul comme un chat.
Même s’ils sont deux sur le plateau, à l’entrée du public, c’est un monologue que nous offre le merveilleux acteur Olindo Cavadini.

Comme le fut Pier Paolo Pasolini, le voilà seul, comme un chat, nous entraînant dans l’intimité de ce poète et cinéaste qui a marqué toute une génération dans les années 1960 et 1970.

Une échappée belle, et intense, dans le monde onirique, parfois violent, souvent cru, d’une réalité fantasmée par Pier Paolo Pasolini.

D’aucuns se souviendront de ses films... « L’évangile selon Saint Matthieu » sorti en 1965, « Uccellacci e uccellini » (Les oiseaux, petits et grands) sorti en 1966, film éminemment politique, « Théorème » sorti en 1968, « Décameron » sorti en 1971, « Les contes de Canterbury » sorti en 1972, « Salo ou les 120 journées de Sodome » réalisé en 1975 et sorti en France en 1976.

Le cinéma de Pasolini bouscule, dérange, sort des conventions bourgeoises et des sentiers battus.

Tantôt lui-même, comme au tout début de son monologue, où Olindo Cavadini nous parle de Pasolini, tantôt Pasolini incarné, lunettes noires, tapant à la machine à écrire d’époque, langage corporel habité, cet acteur, qui maîtrise à la perfection ce que les théâtreux nomment les ruptures, nous enveloppe, nous embarque, nous abreuve d’émotions intenses.

Olindo Cavadini a une relation intime au public. Splendide et incandescent, comme le fut Pasolini.

Doué d’ouverture d’esprit et de curiosité, cet acteur a été danseur, a fait du cinéma, du théâtre.

Pasolini, lui, a été journaliste, critique d’art, écrivain, peintre, poète, dramaturge, acteur, scénariste, réalisateur.
Né en 1922, il fut assassiné par un délinquant en 1975. Son corps fut retrouvé, martyrisé, sur un terrain vague près de la plage d’Ostie, non loin de Rome.

Pour évoquer ce triste et violent épisode, Olindo Cavadini nous propose avec pudeur mais intensité, un tableau suffoquant de beauté...sous des lumières blanches clignotantes, l’acteur, torse nu, de dos, anime son corps de mouvements saccadés, évocateurs de la violence subie. Le tableau de sa mort en est sublimé. La proposition est poignante.

Puis, se coiffant du feutre et s’enveloppant de l’écharpe, tous deux suspendus à un discret porte-manteau situé à Jardin, le voilà qui devient Moravia, écrivain et journaliste italien, assistant aux obsèques de Pasolini.

La conception musicale qui accompagne ce monologue est l’oeuvre du musicien, acteur, et pour l’heure régisseur, Léonard Cavadini. Des voix off en italien, sur des partitions musicales, nous enveloppent et nous transportent en Italie. L’immersion est totale !

En guise de parenthèse, Olindo Cavadini invite une dame du public à danser avec lui un twist...les rires éclatent, le public se détend. La lourdeur de cette destinée tragique s’évapore quelques instants.

Nul autre que cet acteur, Olindo Cavadini, n’aurait pu à ce point pénétrer l’intime de Pasolini, et, passez-moi l’expression, lessiver le public avec autant d’émotions !
Bravo l’artiste !

Et félicitations à la directrice artistique de ce charmant théâtre des 3 Raisins, situé rue Thiers, je nomme Isabelle Krauss, pour son choix de programmer cet artiste complet qu’est Olindo Cavadini en ce début de saison.

A noter que « Pasolini...qu’avez-vous fait de moi ? » sera présenté au Festival d’Avignon 2026 dans ce même Théâtre des 3 Raisins, rue Thiers.
A voir absolument !

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