Noir, Juif Et Borgne - Il était une fois Sammy Davis Jr. de Hugues Duquesne et Larry Benzaken : notre avis

C’est avec une émotion qui porte à l’admiration que le comédien Larry Benzaken prend place sur scène pour nous livrer son interprétation du personnage emblématique de Sammy Davis JR. La complexité du personnage et son récit nous questionnent sur ses actes. Avait-il le choix d’avoir un réseau si fourni, pour se faire sa place ? En étant noir et juif puis borgne, comment en est-il arrivé jusqu’ici, comme icône de son temps, malgré la place qu’il occupait par sa position raciale ?

Le récit et l’écriture de cette pièce sont d’une richesse et d’une force rares. Nous ne sommes plus de simples spectateurs, mais les témoins privilégiés d’un Sammy Davis revenu parmi nous pour nous confier le récit de sa vie, aussi extraordinaire que déchirante. C’est l’effet que donne la pièce, au rythme saccadé, qui oscille entre l’éclat de ses sourires sur scène et l’ombre de ses drames personnels, nous rappelant à chaque instant la complexité de cet homme aux mille facettes.

L’héritage de Sammy Davis nous plonge dans le parcours d’un Afro-américain qui, malgré les difficultés, a su se faire une place sur les scènes musicales des États-Unis. La justesse de la pièce réside dans cette narration entraînante et ce formidable esprit de bon vivant. Sur scène, Sammy Davis encaisse les coups et le poids de sa couleur de peau, jugé trop blanc pour avoir épousé une actrice suédoise, trop noir pour échapper au racisme ambiant. Avec émotion, on comprend comment sa notoriété se heurte aux difficultés quotidiennes d’un homme à l’intersection des discriminations, notamment lors de discussions précoces avec son père. Dès l’enfance, il prend conscience du racisme qu’il subit et le questionne.

En parallèle, le comédien principal, Larry Benzaken, incarne avec une énergie débordante ce personnage noir, juif et borgne. Son merveilleux musicien l’accompagne sur scène dans un spectacle au rythme effréné, qui nous transporte dans l’ambiance des années 40 à 80, une époque marquée par les discriminations.

Intergénérationnel et accessible à partir de 10 ans, ce spectacle met en lumière des thématiques de notre époque. Il nous invite à nous questionner sur notre propre place et met en perspective l’opinion publique de l’époque de Sammy Davis. « Je serai l’artiste que je veux être et non pas l’artiste que vous voulez que je sois », ce mantra de Sammy est ici brillamment livré par Larry Benzaken.

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