Mathilde Pallon - Co-fondatrice, rédactrice et photographe
Mon œil de photographe capture ce que ma plume de journaliste raconte. Passionnée d'art et de culture, je traduis ma curiosité en récits, visuels ou écrits. Mon objectif : offrir un regard neuf sur mes sujets et partager le plaisir de la découverte d'une manière qui vous captive.

“La deuxième mort de Laura Belle” est jouée pendant tout le festival au théâtre de l'adresse. Ce roman noir mis en scène de façon théâtrale nous replonge dans l'univers des États-Unis années 50. Un lieutenant intègre Laslo (Jean-David Stepler), à amené un célèbre journaliste de la rubrique judiciaire, Eddie Dixon (Olivier Douau), dans une maison sous étroite surveillance appelée "la clinique" afin d'interroger un témoin clé dans une affaire de meurtre. Il y a 7 ans, un couple s'est fait assassiné au Budapest, et une jeune femme en jaune, Laura Belle (Nathalie Comtat) peut être ?, aurait vu le visage des assaillants.
Afin de témoigner de quelque chose, elle aurait alors contacté Dixon et convenu d'un rendez-vous. Cependant, au moment de leur rencontre ils se seraient fait attaquer, plongeant ainsi Laura Belle dans le coma, lui faisant alors perdre la mémoire "faillir mourir ne change rien, mourir change tout".
Laslo compte sur le talent de Dixon pour faire parler Laura et la délivrer de son silence. Seul problème : le grand criminel Braxton et son homme de main Alvarez sont à leur poursuite. Le temps est compté, Laura doit se souvenir…
Cette intrigue nous plonge dans un thriller noir à couper le souffle, riche en émotions et en rebondissements. Si vous cherchez de l'action, passez votre chemin. Ici nous sommes dans un Polar où le portrait des personnages se détaille au fil de l'histoire tel un film d'Hitchcock. D'ailleurs, la pièce de théâtre nous rappelle un de ses films "la mort aux trousses" où un homme également témoin tente de retrouver la mémoire, poursuivi par des criminels.
Chaque personnage a sa propre histoire et tente d'agir pour le bien commun, mais s'agit-il de justice où bien de vengeance ? La frontière est bien mince entre les deux, fera remarquer Dixon. Chacun semble avoir son avis sur la question, Laslo avec son arme, Dixon avec ses mots, Laura avec sa mémoire. Mais à quel jeu jouent-ils réellement ?
Le spectateur est au courant de toute l'intrigue alors que chaque personnage ne dévoile qu'un morceau de son histoire aux autres. Comme le voulait l'auteur et acteur d'Eddie Dixon , le dénouement de l'affaire semble cousu de fil blanc mais comme on peut le remarquer au fil de la pièce, tout n'est pas aussi simple. Les acteurs jouent avec les sentiments, les émotions, le suspens, de manière maîtrisée, le tout sur une bande sonore d'époque entre jazz et mélancolie.
Certaines scènes peuvent sembler traîner en longueur (peut-être est-ce à cause de la chaleur ressentie dans la salle ?). Le but de la pièce est d'embarquer le public dans une autre époque, avec plus où moins une maîtrise des codes et des genres, pari réussi ? Il semble que oui puisque nous avons voyagé, nous avons assisté avec plaisir à un vieux Polar très bien ficelé.
Le but du jeu est défini dès le début : coincer les méchants et mettre fin à leur empire criminel qui règne sur la ville grâce à la peur "alors que les trois personnages qui sont là (Laslo, Dixon, Laura) doivent affronter leur propre peur" nous confie l'auteur. La violence est entre les mots, on sait qu'elle est là, nul besoin de la jouer sur scène, à part un acte, aucune place ne lui est accordée sur scène, "on joue avec l'imagination du spectateur et c'est toujours plus fort" conclut Olivier Douau.
Dixon est à la recherche de la vérité entre blessures et vengeances “chacun porte le poids de ses secrets” à la recherche des mystères : mystère du passé, mystère du présent et mystère du futur.
Vous pourrez retrouver “La deuxième mort de Laura Belle“ au théâtre L’Adresse 2, avenue de la Trillade, 84000 Avignon du 7 au 29 juillet 2023 à 18h00, relâche les mardis.
Marguerite Romeuf
Hier, au Chien qui Fume, y avait du rififi dans l'air ! Du grabuge ! Pas question de grisbi, mais d'une témoin gênante, oui !
Le titre de la pièce : « La deuxième mort de Laura Belle ». Queue de comète du Festival du polar soutenu par Villeneuve-lès-Avignon.
Un polar au théâtre, voilà qui est peu commun dans nos contrées.
Nous voilà loin du théâtre de l'Absurde à la Beckett. A noter que Beckett et Ionesco sont classés dans ce genre théâtral, alors que le plus légitime dans cette catégorie demeure Arthur Adamov.
Dans sa pièce, l'auteur, Olivier Douau, nous plonge dans l'anecdote policière, dans le roman noir, version années 50. D'ailleurs le ton est donné dès l'entrée public, avec un décor minimaliste tout de noir constitué, y compris un vieux téléphone, années 50, bien sûr.
Le flic, costard sombre, feutre sombre en guise de couvre-chef. On croirait Humphrey Bogart ressuscité !
Le journaliste, pantalon et veste dépareillés, bras en écharpe...il a été blessé lors du grabuge.
La fille, blonde bien sûr, on est dans le cliché des starlettes années 50, jupe crayon noire, fendue à l'arrière, ornée de basques, chemisier jaune, importante la couleur, cape courte noire, bibi noir à voilette. Le total look de l'époque.
L'ambiance ? Sombre, musique jazz récurrente, éclairage de phares de voiture.
L'anecdote ?...Je la garde secrète ! On ne dévoile pas un polar !
La pièce policière, c'est un théâtre bavard, en l'occurrence celle-ci.
Ce doit être un théâtre de suspens. La chute est toujours inattendue, surprenante.
Cette pièce n'échappe pas à la règle.
Dans La deuxième mort de Laura Belle, chaque tableau est annoncé par un Noir, musique jazz, éclairage de phares de voiture. Un rituel en somme, voulu par le metteur en scène, qui en est aussi l'auteur. Je nomme Olivier Douau, acteur dans sa propre pièce, avec Nathalie Comtat et Stéphane Roux.
Deux répliques demeurent marquantes : « Tant qu'il n'y a pas de mobile, un crime peut rester impuni », en début de pièce, et à la fin : « C'est à nous à apprendre à vivre avec nos blessures, à les apprivoiser, à les aimer peut-être. »
Le final reste fidèle à la musique jazz, et à l'ambiance sombre.
Cette pièce sera jouée au Festival d'Avignon 2026.
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