Cher Marcel n’est pas un hommage figé à Proust, c’est une immersion sensible dans l’atelier de son génie. À La Luna, Olivier Dutaillis signe un solo vibrant, en forme de lettre vivante à l’écrivain. Entre humour discret et finesse d’évocation, le spectacle capte l’essence de la Recherche, en dévoilant les obsessions, les vertiges et les élans d’un homme qui transforma sa vie en chef-d’œuvre. Intime, intelligent, et profondément émouvant.
Dans une scénographie soignée, chaque objet du décor devient réminiscence : un chapeau, une raquette, une plante… Autant de fragments de mémoire proustienne dans une chambre refermée sur le monde. Là, Olivier Dutaillis ne joue pas Proust : il entre en conversation avec son fantôme. Il y mêle avec élégance confidences, lectures, musique, projections et récits, tissant le portrait d’un créateur en quête absolue de vérité.
La pièce explore les racines de l’œuvre : Balzac, Zola, la comtesse de Ségur, mais aussi les blessures profondes – abandon, identité, isolement. Le spectateur assiste, fasciné, à la construction d’un monument littéraire. On croise Céleste, on entrevoit Odette, on entend Wagner… autant de visages et sons qui peuplent ce théâtre intérieur. La mise en scène délicate donne corps à cette introspection féconde.
Cher Marcel n’est pas réservé aux lecteurs assidus de la Recherche : il parle à tous ceux qui ont senti, un jour, que l’art peut naître de la solitude. Une heure quinze hors du temps, à savourer comme une madeleine.
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