À l'occasion du Festival d'Avignon, la compagnie Manoma présente « Parole et Guérison », une pièce de Christopher Hampton qui explore les débuts de la psychanalyse à travers le destin méconnu de Sabina Spielrein. Prise entre les deux figures tutélaires que sont Carl Gustav Jung et Sigmund Freud, cette femme, d'abord patiente, deviendra l'une des premières femmes psychanalystes et influencera leurs travaux de manière décisive. Nous avons rencontré une partie de l'équipe artistique, dont la metteuse en scène Nora Giret, pour évoquer cette aventure humaine au cœur de la naissance d'une discipline qui a bouleversé notre compréhension de l'esprit. La pièce se joue à l'Atypik Théâtre.
Avignon et Moi : Pourriez-vous nous présenter l'intrigue de « Parole et Guérison » ?
Compagnie Manoma : « Parole et Guérison » retrace principalement l'histoire de Sabina Spielrein, une psychanalyste aujourd'hui quelque peu oubliée. Nous mettons en lumière sa vie et la manière dont elle a rencontré ces hommes bien plus connus qu'elle, à savoir Sigmund Freud et Carl Gustav Jung. La pièce explore comment elle les a influencés, les idées qu'elle a pu leur transmettre, ainsi que la relation complexe qu'elle a développée avec Jung. Initialement, elle était sa patiente, admise pour ce qu'on appelait alors l'hystérie. Il la soigne en expérimentant la cure par la parole et, par la suite, leur relation évoluera vers une plus grande intimité, jusqu'à ce qu'elle devienne elle-même psychanalyste. C'est le parcours de cette femme pionnière que nous mettons en avant.
Quelle est la genèse de ce projet ? Pourquoi avoir choisi de monter cette pièce en particulier ?
L'idée m'est venue à la lecture d'un livre d'Irvin D. Yalom, « Et Nietzsche a pleuré », qui m'a fait penser à d'autres figures comme Lou Andreas-Salomé. J'ai réalisé qu'il existait de nombreuses femmes combatives, souvent restées dans l'ombre, qui ont pourtant contribué à construire la psychologie contemporaine. En poursuivant mes recherches, je suis tombée sur le film « A Dangerous Method » de David Cronenberg, qui est lui-même une adaptation de cette pièce de Christopher Hampton. Je l'ai lue et je l'ai trouvée formidable. Elle a le mérite de "détrôner" les grandes figures masculines que sont Jung et Freud, de les ramener à leur condition d'hommes et de montrer, par la même occasion, l'importance capitale qu'ont eue les femmes à cette époque.
À quel type de public s'adresse la pièce ?
Bien que la pièce s'adresse véritablement à tous les publics, nous remarquons qu'elle attire particulièrement les personnes intéressées par la psychanalyse, par les mystères de l'esprit humain. C'est une pièce qui touche aussi ceux qui apprécient les histoires d'amour complexes, car c'est une dimension importante de la relation entre les personnages. Finalement, elle s'adresse à tous les curieux des dynamiques humaines et des destins hors du commun.
Idéalement, avec quelle réflexion aimeriez-vous que les spectateurs repartent ?
J'aimerais que le public retienne que la psychanalyse, du moins à l'époque dépeinte, n'est pas un bloc théorique, ni un parti politique ou une religion. C'est avant tout une aventure humaine. Nous montrons des hommes et des femmes qui tentent de comprendre une nouvelle dimension de l'être humain. C'est une histoire de pionniers, avec ses essais, ses erreurs et ses passions. On y voit une histoire d'amour qui se décline d'ailleurs à plusieurs niveaux, car il y a aussi la relation entre Carl Gustav Jung et sa femme, Emma Jung. On en parle moins, mais elle aussi a eu une véritable influence et a publié des textes importants. C'est cet aspect d'aventure humaine que nous souhaitons transmettre.
Si vous deviez résumer le spectacle en un seul mot ?
Liberté, humain, relation.
Parole et Guérison
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