Accueil > Interviews > Rencontre avec Abyale et Niels Sem : « Le jazz, c'est avant tout la liberté »

Rencontre avec Abyale et Niels Sem : « Le jazz, c'est avant tout la liberté »

À l'occasion du Festival Off d'Avignon, la chanteuse Abyale et le pianiste Niels Sem présentent « Madame Jazz(e) » au Théâtre de l'Ambigu. Un spectacle qui retrace la vie et les combats des grandes divas du jazz, de Billie Holiday à Nina Simone. Dans un format mêlant musique et récit, le duo cherche à rendre hommage à ces femmes inspirantes et à faire redécouvrir un jazz accessible et populaire. Entretien avec le duo.

Rencontre avec Abyale et Niels Sem : « Le jazz, c'est avant tout la liberté »
14 Juillet 2025 à 14h54 Par Jérôme Chaudier

Avignon et Moi : Bonjour à vous deux. Pourriez-vous nous présenter votre spectacle, « Madame Jazz(e) » ?

Abyale : C'est un spectacle musical en piano-voix qui dure une heure et vingt minutes. En tant que chanteuse et conteuse, je raconte la vie des grandes divas du jazz. Niels, qui m'accompagne au piano, réalise tous les arrangements musicaux. Nous explorons les parcours, les combats de ces femmes, et nous reprenons leurs plus grands succès. C'est un spectacle très vivant, et le public finit souvent par chanter avec nous.

Il s'agit donc d'un format qui mêle musique et théâtre ?

Abyale : C'est un mélange de contes et de chansons théâtralisées. La présentation de chaque morceau est un prétexte pour parler de ces divas, pour raconter des épisodes de leur vie qui peuvent être, selon les cas, croustillants ou émouvants.

Auriez-vous une anecdote à nous partager, tirée du spectacle ?

Abyale : On y raconte, par exemple, comment Ella Fitzgerald, une immense diva du jazz, a accédé à la célébrité grâce à Marilyn Monroe. Cette dernière a appelé le patron d'un club très en vue à l'époque et lui a dit : « S'il te plaît, fais-la passer, je l'adore. Si tu la programmes, je viendrai m'asseoir au premier rang tous les soirs ». Le patron a accepté, et la carrière d'Ella a été lancée. Comme quoi, la chance peut se provoquer.

Si vous deviez résumer le spectacle en trois mots, sans utiliser les termes « jazz » ou « femme » ?

Abyale : Nous dirions : inspiration, humour et groove.

Pourquoi avoir choisi de créer ce spectacle ?

Abyale : Par amour pour cette musique, d'abord. Et aussi parce que l'on ne parle pas assez des femmes dans le jazz, alors que toutes celles que nous évoquons ont eu des carrières incroyables. Ce sont des femmes qui se sont battues pour s'imposer, et je trouve leurs parcours très inspirants, non seulement pour les artistes en devenir, mais pour toute personne qui a besoin de croire en l'avenir.

Le grand public a parfois une image élitiste du jazz. Est-ce un cliché que vous cherchez à déconstruire ?

Niels Sem : Totalement. Le jazz n'est pas qu'un style, c'est un courant, une manière d'être. Il y a eu une époque où c'était la musique populaire. C'est ce jazz-là que nous défendons, loin du cliché intellectuel.

Abyale : D'ailleurs, on en écoute depuis l'enfance sans s'en rendre compte. "Un jour mon prince viendra" dans Blanche-Neige ou "Aie confiance" dans Le Livre de la Jungle, c'est du jazz ! L'idée est de faire réaliser aux gens que le jazz, c'est d'abord des chansons qui racontent une histoire.

Quelles sont ces histoires ?

Abyale : Ce sont souvent des histoires d'amour. Le blues et le jazz racontent fréquemment des variations sur ce thème : la rencontre magnifique, la peur de la rupture, ou le désarroi après le départ de l'être aimé. Dans une actualité souvent morose, je trouve qu'il est bon de parler d'amour.

Ce spectacle s'adresse donc à tous les publics ?

Abyale : Oui, il est vraiment destiné à tout le monde. Un journaliste a écrit qu'il "réunissait les générations à travers la musique", et c'est vrai. On peut voir dans la salle des étudiants, des familles, des personnes plus âgées, et tout le monde partage ce moment ensemble.

Pensez-vous que le jazz, dans son sens le plus large, puisse parler à tout le monde ?

Niels Sem : Pas tous les jazz, attention. Il y a des formes de jazz plus complexes qui ne parlent pas forcément à tout le monde. Mais le jazz avec un grand J, dans son acception la plus large, oui.

Abyale : Tout le monde en a déjà écouté, d'une manière ou d'une autre. Quand vous écoutez Ray Charles, c'est du jazz. Ça entre dans cette grande famille.

Qu'aimeriez-vous que les spectateurs retiennent en sortant de la salle ?

Abyale : Nous ce qu'on aime, c'est quand le public participe. Quand on chante Fever, tout le monde claque des doigts et tape dans les mains. On retrouve l'esprit du "village africain", car le jazz vient du gospel, qui lui-même puise ses racines en Afrique. C'est un melting-pot culturel.

Niels Sem : Et c'est une musique du ressenti. D'ailleurs, de très grands musiciens, comme le bluesman John Lee Hooker, ont eu des carrières immenses sans jamais avoir appris à lire la musique. Ils ne lisaient pas une partition, ils jouaient à l'oreille, au cœur.

On a l'impression que le jazz est porteur d'une grande liberté, peut-être plus que d'autres genres musicaux plus codifiés.

Abyale : Vous avez parfaitement raison. J'ai un jour interrogé des gens sur ce qui leur plaisait dans le jazz, et le premier mot qui revenait systématiquement était celui que vous venez de prononcer : liberté.

Informations pratiques :

  • Spectacle : Madame Jazz(e)
  • Auteur/Interprète : Abyale Nguema (chant, conte), Niels Sem (piano)
  • Lieu : Ambigu Théâtre, Avignon
  • Dates : Du 5 au 26 juillet
  • Relâches : les 13 et 20 juillet
  • Horaire : 21h35
  • Durée : 1h20
Vous avez une question ? Cliquez-ici !
Article de : Jérôme Chaudier
Partager sur : Facebook - X (Twitter) - Linkedin
Sponsorisé :
Smile - Format carré
Sponsorisé :
Smile - Format carré
Commentaires
Connectez-vous pour laisser un commentaire.

Aucun commentaire pour le moment.

Avignon et moi > Categorie : Interviews > Article : Rencontre avec Abyale et Niels Sem : « Le jazz, c'est avant tout la liberté »

Recevez la newsletter Avignon et Moi

Les bons plans, critiques, sorties et actus deux fois par semaine dans votre boîte mail.

S’inscrire gratuitement