À l'occasion du Festival d'Avignon, nous rencontrons Lola Zidi, co-autrice, co-metteuse en scène et interprète de la pièce "Anatomie d'une actrice". Présentée au Théâtre du Roi René, cette création explore la complexité du métier de comédienne à travers la relation de deux femmes sur scène. Un duo qu'elle forme avec sa mère, Hélène Zidi, dans un spectacle qui interroge les thèmes de l'amour, de l'héritage et des blessures intimes.
Bonjour Lola. Pour commencer, pourriez-vous nous présenter "Anatomie d'une actrice" ?
Lola : Nous utilisons le prétexte du métier d'actrice pour explorer le caractère, la personnalité, les manies, l'ego, mais surtout la sensibilité et la vulnérabilité de ces femmes. Nous plongeons dans leur mémoire et leurs souvenirs pour comprendre pourquoi et comment elles sont devenues comédiennes. Au fur et à mesure que l'on retrace les grands rôles et les grands textes de Suzanne, l'un des personnages, la frontière entre la réalité et la fiction se brouille. On découvre que les deux femmes, Juliette et Suzanne, sont probablement liées par quelque chose de plus fort qu'un simple rapport de partenaires de jeu. Finalement, c'est une pièce qui aborde l'amour, la transmission, l'héritage émotionnel, les blessures que l'on porte, que l'on guérit parfois ou que l'on répète, et les combats que l'on mène pour les gens que l'on aime.
Vous avez co-écrit ce texte avec votre mère, Hélène Zidi. Comment est née cette collaboration ?
Nous l'avons écrit à quatre mains et deux cœurs, comme j'aime le dire. Il y a un an, ma mère m'a présenté une idée et un titre : "Anatomie d'une actrice". Initialement, c'était un seule-en-scène. Je lui ai suggéré une idée pour faire basculer le personnage, et elle m'a proposé de l'écrire avec elle. À l'époque, je devais partir vivre à Bali, mais ce projet est finalement tombé à l'eau. Hélène m'a alors dit : "Et si on l'écrivait pour nous deux, pour reformer notre duo ?". Nous avions déjà joué ensemble pendant quatre ans dans "Camille contre Claudel". Je lui ai donc proposé le personnage de Juliette, sa partenaire de jeu débutante, en lui expliquant que le public découvrirait des choses au fil de la pièce... que je ne peux évidemment pas révéler ici. Nous avons commencé à écrire en septembre et avons beaucoup travaillé.
Écrire à quatre mains, puis mettre en scène sa propre mère, n'est-ce pas un exercice compliqué ?
Nous avons trouvé une excellente dynamique de travail, une sorte de ping-pong créatif très fluide. Je proposais des choses à Hélène, elle me faisait des retours, je retravaillais dessus, puis elle à son tour. Concernant la mise en scène, ce ne fut pas une difficulté mais un grand bonheur. Au-delà d'être ma mère, Hélène a été ma coach, elle m'a formée en tant qu'actrice à 17 ans. C'est la troisième fois que nous partageons la scène, et avoir la chance de la diriger est une joie. J'ai écrit ce personnage pour elle, je savais donc où je voulais l'amener. Elle m'a fait entièrement confiance, avec beaucoup de lâcher-prise et d'écoute. J'avoue que j'avais une petite appréhension avant de commencer, je me demandais comment ce rapport mère-fille se traduirait sur le plateau, et finalement, cela a été très agréable.
À quel type de public cette pièce s'adresse-t-elle ?
Je ne sais pas si l'on peut véritablement écrire pour "tout le monde". Nous n'avons pas pensé la pièce de cette manière. Nous avons surtout écrit pour aborder des thèmes et des sujets qui nous tiennent à cœur, pour porter des messages et donner vie à des histoires qui nous habitent. Je dirais donc que cette pièce s'adresse à qui saura la recevoir.
Qu'aimeriez-vous que les spectateurs retiennent en sortant de la salle ?
Une première réponse serait que j'aimerais que les spectateurs aient envie, en sortant, d'appeler les gens qu'ils aiment pour leur dire qu'ils les aiment. Plus profondément, j'espère que le public pourra ressentir qu'il existe de nombreuses façons de mener des combats dans une vie, mais que la plus belle manière de le faire est toujours à travers l'amour.
Si vous deviez résumer la pièce en deux ou trois mots ?
Amour, mémoire et oubli.
Informations pratiques :
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