À l'occasion du Festival Off d'Avignon, la cheffe d'orchestre Françoise Lasserre présente une version singulière et épurée du Requiem de Mozart. À la tête de son ensemble Akadêmia, elle propose, du 10 au 13 juillet à la chapelle du Miracle, une relecture de l'œuvre mythique pour quatuor à cordes et quatre voix. Une approche historique et intimiste qui cherche à sonder le mystère de sa composition et à rendre sa beauté accessible à tous. Rencontre.
À l'occasion du Festival Off d'Avignon, la cheffe d'orchestre Françoise Lasserre présente une version singulière et épurée du Requiem de Mozart. À la tête de son ensemble Akadêmia, elle propose, du 10 au 13 juillet à la chapelle du Miracle, une relecture de l'œuvre mythique pour quatuor à cordes et quatre voix. Une approche historique et intimiste qui cherche à sonder le mystère de sa composition et à rendre sa beauté accessible à tous. Rencontre.
Avignon et Moi : Bonjour Françoise Lasserre. Pourriez-vous nous présenter ce Mozart Requiem que vous proposez au festival ?
Françoise Lasserre : Il s'agit d'une redécouverte du Requiem de Mozart à travers une version historique. C'est une réduction pour quatuor à cordes, publiée au tout début du XIXe siècle, à laquelle j'ajoute les quatre voix, qui sont indissociables de l'œuvre. Mon approche vise aussi à déconstruire le processus de composition de Mozart, en distinguant ce qui est de sa main de ce qui ne l'est pas.
S'agit-il uniquement d'un concert ou y a-t-il une dimension théâtrale ?
C'est essentiellement un concert. Le mystère qui entoure le Requiem est simplement illustré par des éléments comme les masques ou la lumière. Le lieu, une chapelle naturellement belle, se prête particulièrement à cette épure. Il offre une acoustique magnifique et invite à la respiration, à un moment de tranquillité.
Quelle est la genèse de ce projet ?
Mon ensemble, Akadêmia, est spécialisé en musique baroque. Tout mon travail consiste à faire redécouvrir cette musique et à montrer en quoi elle nous est contemporaine. Pour qu'elle soit contemporaine, elle doit être accessible à tous. Je travaille beaucoup dans la région Grand Est, où nous avons besoin de faire entendre la musique partout, y compris dans les campagnes. Cette version plus pure, pour neuf interprètes au lieu de quarante, répond à cet objectif.
Comment dirige-t-on un effectif de neuf musiciens par rapport à un orchestre de quarante ?
Ce n'est pas du tout la même chose. À neuf, c'est presque de la musique de chambre. Mon rôle de direction est important durant les répétitions, mais en concert, je suis surtout là pour coordonner les envies de chacun. C'est un véritable échange avec les quatre merveilleux instrumentistes et les quatre chanteurs.
Vous insistez sur la nécessité de rendre la musique baroque accessible, notamment aux plus jeunes. Comment y parvenez-vous ?
Oui, pour moi c'est un combat essentiel. J'aime montrer comment cette musique résonne encore en nous. Pour cela, je la confronte à d'autres arts, en travaillant avec la chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui, le poète Jean-Pierre Siméon, ou les comédiens Clotilde Mollet et Hervé Pierre, qui sont aussi au festival. Pour toucher les jeunes, nous organisons des ateliers en parallèle des concerts. À Reims par exemple, dans un quartier très défavorisé, certains jeunes sont entrés au conservatoire suite à notre passage. Ce n'est pas tant la victoire d'entrer au conservatoire qui compte, mais l'ouverture sur un univers qu'ils ne connaissaient pas.
Si vous deviez résumer l'expérience en quelques mots ?
C'est un moment qui doit toucher l'intime de chacun, une proposition de se replier sur soi. Chez Mozart, l'idée de la mort est en réalité très douce. Il était franc-maçon, et la lumière était très importante pour lui, cette idée que quelque chose va tous nous sauver. C'est présent dans tout le Requiem. C'est donc une invitation à être touché dans son intimité pour, par ce biais, créer un meilleur contact entre les gens.
Puisqu'il s'agit de la toute première représentation, quel public espérez-vous toucher ?
C'est en effet une création, le grand saut ce soir ! Je suis curieuse de la réaction des mélomanes qui connaissent l'œuvre dans sa version habituelle ; ceux-là, nous allons peut-être un peu les surprendre. Et puis il y a ceux qui n'ont jamais rien entendu de tel, et j'espère bien les capter.
Combien de temps de répétition un tel projet demande-t-il ?
Trois jours. Vous savez, les musiciens ne travaillent pas comme les comédiens. Chacun étudie sa partition en amont. Le Requiem fait partie des œuvres ultra-connues que nous avons tous eu l'occasion de jouer. Le travail commun consiste ensuite à assembler ces savoir-faire.
Vous avez évoqué des masques. Qui les porte et quel est leur rôle ?
Ce sont les chanteurs qui sont masqués durant une partie de l'œuvre. Cela permet de souligner visuellement ce qui a été réellement écrit par Mozart et ce qui ne l'est pas. Quand ils entrent en scène et commencent à chanter avec leurs masques, c'est un moment très émouvant. Ça vous prend à la gorge. Ce n'est pas effrayant, mais un souffle froid passe dans cette fournaise.
Ce spectacle s’inscrit dans le cadre du Festival Interférences, un festival de musique au cœur du Off. Il réunit 20 compagnies pour 90 levers de rideau, autour des musiques de patrimoine et de création, dans deux lieux d’exception : l’Archivolte – Chapelle du Miracle et la Collection Lambert.
Mozart Requiem
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