Chez Clock IA, on aime bien soulever le capot des machines pour voir ce qui s'y trame. Et ces derniers temps, sous celui de Google, ça bouillonne sévère. L'intelligence artificielle est en train de redessiner notre façon de chercher... et peut-être même de trouver, sans jamais quitter le confort de la page de résultats. Pratique, oui. Mais avec quelques petites lignes en bas du contrat qu'on a décortiquées pour vous.
Imaginez : vous posez une question à Google, et hop, au lieu d'une liste de liens bleus à explorer, une réponse toute faite, bien propre, s'affiche en haut de page. C'est un peu la promesse des AI Overviews (AIO), ces résumés générés par l'IA que Google déploie à vitesse grand V. Fini, ou presque, le temps où Google était une sorte d'annuaire géant vous envoyant vers d'autres sites. Il se transforme de plus en plus en une encyclopédie qui a réponse à (presque) tout, directement.
Ce phénomène porte un nom : la recherche "zéro clic". L'idée ? Vous obtenez votre réponse sans avoir besoin de cliquer sur un lien externe. Et ce n'est pas nouveau. Déjà en 2019, selon des données de la société SparkToro, plus de la moitié des recherches sur Google se terminaient ainsi. Aujourd'hui, avec l'IA dans la boucle, des sources comme WordStream estiment qu'on frôle les 65% de recherches sans clic en 2024, et la tendance ne fait que s'accélérer, notamment sur mobile.
Les AI Overviews sont les champions de cette catégorie. Pratiques pour l'utilisateur pressé, certes, mais elles posent question. Une étude d'Ahrefs, société spécialisée dans l'analyse du web (rapportée par des médias comme Mighty Roar), a montré que la présence d'un AI Overview pouvait entraîner une baisse de près de 35% du taux de clic sur le premier résultat organique. Autrement dit, même si votre site est le mieux classé, l'IA a déjà servi la réponse sur un plateau.
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Comment fonctionnent ces AI Overviews ? C'est un peu comme si Google avait un stagiaire hyper-rapide (son IA) qui lit des tas de pages web pour vous en faire un résumé. Le souci, c'est que ce stagiaire, parfois, s'emballe. Des experts, comme Lily Ray, une pointure du SEO aux États-Unis citée par des médias spécialisés comme Growing Pro Technologies et Digitrendz.blog, ont pointé des dérives : spams, informations incorrectes, voire des "hallucinations" où l'IA invente des réponses. Google travaille à corriger le tir, mais la machine s'emballe parfois plus vite que ses concepteurs.
Un autre petit détail qui a son importance : des observateurs attentifs, comme le blog américain 9to5Google et le site spécialisé Search Engine Land, ont remarqué que ces AI Overviews avaient tendance à multiplier les liens... qui renvoient vers d'autres pages de résultats Google ! Une sorte de boucle interne qui garde l'utilisateur captif. Google a confirmé auprès de Search Engine Land "ajouter des liens dans les AI Overviews quand nos systèmes déterminent que cela peut être utile". Utile pour qui ? La question reste ouverte.
Pour ne rien arranger, Google a aussi déployé en mars 2024 une mise à jour majeure de son algorithme principal (le "March 2024 Core Update"). Objectif affiché par Search Engine Land : réduire de 45% les contenus de faible qualité ou peu originaux. Une bonne intention, mais qui, combinée à la montée en puissance des AIO, met une pression supplémentaire sur les créateurs de contenu original et de qualité.
Et les créateurs de contenu dans tout ça ? Ceux qui produisent l'information que l'IA "apprend" et résume ? C'est là que le bât blesse. Des documents issus d'un procès antitrust majeur aux États-Unis, et rapportés notamment par Nieman Lab (un laboratoire de journalisme de Harvard, s'appuyant sur les enquêtes du Press Gazette britannique), ont révélé une position délicate de Google. En substance, Google aurait indiqué aux éditeurs qu'ils ne pourraient pas refuser que leurs contenus soient utilisés pour entraîner ou alimenter ses IA s'ils souhaitent rester visibles dans les résultats de recherche. Un "choix peu enviable", comme le décrivent certains : accepter le "scraping" (aspiration de contenu) au risque de perdre du trafic direct, ou disparaître de Google.
La plainte déposée par l'entreprise Chegg contre Google aux États-Unis, et couverte par des sites comme Nasdaq.com, abonde dans ce sens, accusant Google de pratiques anticoncurrentielles en utilisant le contenu des éditeurs pour les concurrencer directement via ses outils d'IA, tout en réduisant leur trafic.
Google, de son côté, met en avant sa vision d'une IA au service de la personnalisation, notamment dans le shopping, comme l'explique son blog officiel. Nouvelles fonctionnalités, intégration de l'IA générative dans les produits et les outils publicitaires... L'objectif est de rendre l'expérience plus fluide et pertinente. Mais cette fluidité a un coût, et il semble que ce soient souvent les producteurs de l'information initiale qui passent à la caisse.
Alors, cette IA toute-puissante de Google, amie ou ennemie ? Comme souvent en technologie, la réponse est nuancée. Une chose est sûre : le web que nous connaissions est en pleine métamorphose, et il va falloir apprendre à naviguer dans ce nouveau paysage où le clic se fait de plus en plus rare. Affaire à suivre, de très près, chez Clock IA.
Auteur : Jérôme
Expert en développement web, référencement et en intelligence artificielle, mon expérience pratique dans la création de systèmes automatisés remonte à 2009. Aujourd'hui, en plus de rédiger des articles pour décrypter l'actualité et les enjeux de l'IA, je conçois des solutions sur mesure et j'interviens comme consultant et formateur pour une IA éthique, performante et responsable.