Dans son intimité, un homme en robe de chambre nous prend à témoin. Il se nomme Hubert et prétend avoir été l'amant secret de Barbara. La compagnie belge Les Clandestins nous convie, à La Petite Caserne, à un huis clos troublant, une plongée dans la mémoire d'un amour clandestin. Entre la biographie de la « dame en noir » et le récit fiévreux de cet homme, la pièce tisse un voile de mystère. Qui est vraiment Hubert ? Un spectacle captivant qui interroge la frontière entre la passion et l'obsession.
La scène est une chambre, presque un sanctuaire. Un tourne-disque silencieux, un piano, et un homme, Hubert, qui semble attendre depuis toujours. Derrière, en filigrane, une friterie, « Le Cheval Blanc », ancre ce récit passionnel dans une belgitude inattendue et décalée. Cet homme, seul, va dérouler le fil de sa vie avec Monique Serf, celle qui deviendra la « dame en noir », surnommée ainsi pour les longues robes sombres qui sculpteront sa silhouette sur scène.
Le spectacle nous fait entrer dans l'intimité de la chanteuse par la seule voix de cet amant présumé. C'est sa version de l'histoire, sa vérité. Il nous raconte tout : le triomphe à l'Olympia, la solitude, la tentative de suicide. Ce sont les manies de Barbara qu'il s'approprie, dans un geste d'identification troublant. Il évoque même, avec une pudeur qui sonne comme une confidence, le drame de « L'aigle noir » et l'inceste paternel. La mise en scène, ingénieuse, utilise un simple rideau pour faire apparaître et disparaître la figure de la talentueuse chanteuse, comme une apparition convoquée par son souvenir obsessionnel.
La tension de la pièce repose entièrement sur la performance du comédien qui incarne Hubert. Est-il un amant éconduit, un confident oublié, ou autre chose ? Sa jalousie éclate, son ego affleure, son besoin désespéré d'être reconnu comme l'amour de sa vie devient le moteur du drame. Les disques vinyles sont autant de fétiches, de preuves muettes d'une histoire qu'il est le seul à raconter.
La pièce, d'une grande intelligence d'écriture, ne donne aucune réponse facile. Elle nous laisse suspendus aux lèvres de cet homme, nous faisant douter, croire, puis douter à nouveau. C'est là toute sa force. Pour tenter de percer le secret d'Hubert, il vous faudra accepter son invitation et pousser la porte de cette chambre.
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