Au Théâtre des Étoiles, la scène devient tribunal, atelier et mémoire vivante. Christophe Gorlier incarne un Paul Cézanne tourmenté et lumineux, convoquant les figures majeures de sa vie dans un procès poétique. Une mise en scène sobre et évocatrice sert un texte riche, où l’art, l’amitié, le doute et la filiation s’entremêlent. Une plongée rare dans les méandres d’un génie trop longtemps incompris. À ne pas manquer.
Imaginez Cézanne convoqué à la barre : père banquier, ami de Zola, critiques, fantômes du passé, tous défilent dans cet entre-deux scénique où l’atelier devient prétoire. C’est le procès d’un homme en lutte contre les attentes, les modes, et parfois lui-même.
Le jeu de Christophe Gorlier, à la fois intense et retenu, donne chair à ce peintre solitaire et rugueux, en quête d’absolu. Il incarne aussi, par instants, les témoins de cette vie cabossée. La voix off de Naïs et Inès GB, entre chant et souffle intérieur, vient ponctuer le récit avec délicatesse.
La lumière - celle du plateau comme celle de la Provence - devient ici personnage central. La Sainte-Victoire surgit en filigrane de chaque tirade, obsédante et salvatrice. Car c’est dans son refuge aixois que Cézanne trouvera, contre tous, sa révolution picturale. Et c’est ce combat, plus intérieur qu’extérieur, que la pièce magnifie.
Sans jamais verser dans l’hagiographie, ce solo théâtral explore l’homme derrière l’œuvre : ses doutes, ses colères, sa solitude, mais aussi sa vision unique de la nature, du temps et de la lumière. Une belle réussite, entre art et théâtre.
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