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Rencontre avec Céline Pitault pour Shakoul : Célébrer la vie face à la mort

À l'occasion du Festival Off d'Avignon, nous rencontrons Céline Pitault, autrice et interprète du seule-en-scène “Shakoul”. Dans cette pièce présentée à La Chapelle des Antonins, elle donne voix à Florimond, un jeune homme de 20 ans emporté par une méningite fulgurante, qui revient sur scène pour orchestrer le récit de sa propre histoire et de celle de ses parents. Une exploration du deuil qui se veut avant tout un hommage à la vie.

Rencontre avec Céline Pitault pour Shakoul : Célébrer la vie face à la mort
12 Juillet 2025 à 19h33 Par Jérôme Chaudier

Bonjour Céline. Pourriez-vous nous présenter votre pièce, “Shakoul” ?

Céline : C'est l'histoire de Florimond, un jeune homme emporté par une méningite fulgurante. Sur scène, il revient pour orchestrer son histoire et pousser ses parents à la raconter, à la transcender. C'est une pièce qui parle de la mort, mais en célébrant la vie.

D'où vient le titre “Shakoul”, et qu'est-ce qui vous a poussé à écrire et à porter ce projet sur scène ?

“Shakoul” est un mot hébreu qui désigne une branche de vigne dont on a vendangé le fruit. La sève continue de couler, mais n'ayant plus nulle part où aller, le bourgeon s'assèche. Ce terme signifie "les parents endeuillés".

Plusieurs raisons m'ont amenée à ce projet. D'abord, je trouve que la mort est un sujet tabou, on a beaucoup de mal à en parler. Je voulais justement aborder ce thème d'une autre façon, en parlant avant tout de la vie. Avant d'être comédienne, j'ai été infirmière ; ce rapport que j'ai eu aux malades et aux hôpitaux a sans doute façonné ma nécessité de raconter une histoire au théâtre. Le point de départ est le décès de mon ami Florimond quand j'étais plus jeune. Ensuite, la pièce s'est nourrie d'histoires lues et entendues pour que, partant de l'intime, elle puisse toucher à l'universel. Je veux que tout le monde puisse se reconnaître dans les mots de Florimond et dans les paroles de ses parents.

Ce que je souhaite faire entendre, c'est que lorsque la mort surgit, il nous reste une force extraordinaire : le pari de la vie. À travers le langage, le récit et la musique, je veux faire gagner la vie et dire à la mort qu'elle n'aura jamais le dernier mot.

Quels ont été les défis pour passer de l'écriture à l'interprétation des trois personnages sur scène ?

Cela s'est fait progressivement. Pendant l'écriture, la musique est venue naturellement, elle donnait le rythme. Ensuite, lors des répétitions, le défi était de trouver la juste voix pour les trois personnages. Il ne s'agit pas d'incarner séparément le père, la mère ou le fils, mais de créer une sorte de polyphonie intérieure, une pulsation où ils se relaient, se répondent et se relèvent ensemble. Il fallait que ces voix s'ancrent en moi pour pouvoir passer fluidement de l'un à l'autre, d'une émotion à l'autre.

Si vous deviez résumer la pièce en trois mots ?

Célébration de la vie.

Quelle émotion souhaitez-vous que le public emporte avec lui après la représentation ?

Je veux que la pièce leur fasse du bien. Le théâtre peut être un espace de consolation et de réparation. Nous connaissons tous le deuil, que ce soit celui d'une personne, d'un amour ou d'une idée. Parfois, il est apaisant d'en parler, de se souvenir. À un moment dans la pièce, le fils dit à sa mère : "Vive la vie, maman, ton refrain, vive la vie !". J'aimerais que les spectateurs repartent avec cette phrase en tête.

S'agit-il d'une nouvelle version de la pièce ?

L'écriture a commencé en 2021. Il y a eu une première création en 2022, mais ce que je présente aujourd'hui est une recréation. La pièce a évolué, je me suis rapprochée encore plus de l'histoire de mon ami Florimond pour la réécrire. Le texte a bougé à l'intérieur.

Pour aller voir “Shakoul” :

  • Lieu : La Factory - Chapelle des Antonins, 5 rue Figuière, Avignon.
  • Dates : Du 5 au 26 juillet 2025.
  • Horaire : 17h35.
  • Relâche : Les mardis.
  • Durée : 55 minutes
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Article de : Jérôme Chaudier
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