Dans la forêt (lointaine) : notre avis

Un très beau voyage à découvrir cette année à Avignon. Et si nous partions en Amérique du Sud à la recherche d’un père disparu ? La mère refuse d’oublier, le fils, lui, aimerait bien avancer. Mais comment faire le deuil quand il est impossible de savoir ce qui s’est réellement passé, et que le sentiment d’abandon pèse sur chaque souvenir ? Il y a de la colère, de l’amour, mais aussi des doutes, des secrets.

La pièce aborde des thèmes vastes : la famille et ses non-dits, les souvenirs effacés ou refoulés, la quête de vérité pour pouvoir avancer. Comprendre enfin, pour pardonner. Tout commence par une photo ressurgie du passé. C’est le déclic. Elle décide de partir ; lui accepte de l’accompagner, sans grande conviction. Destination : l’Amazonie, sur les traces d’un père et mari disparu trente ans plus tôt alors qu’il enquêtait sur les trafiquants du cartel de Medellín.

Traité comme un road movie théâtral, le spectacle ne laisse aucun temps mort. Le rythme est soutenu, le suspense maintenu. L’aventure prend une tournure légère et fantaisiste grâce au fantôme du père, omniprésent, qui s’agite et commente leur périple sans jamais apparaître. Cette présence invisible mais intensément vivante fait le bonheur des spectateurs et donne à la pièce une tonalité à la fois touchante et singulière.

Clément Marchand signe ici sa deuxième création avec l’équipe de Frère(s), déjà saluée par le public avignonnais l’an dernier. Entre émotions intimes et souffle d’aventure, cette pièce interroge la mémoire, la transmission et les liens familiaux. Une belle réussite, drôle, profonde et accessible.