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Rencontre avec Les Sans Roi pour Si une histoire frappe à ta porte

À l'occasion du Festival d'Avignon, nous avons rencontré la compagnie Les Sans Roi. David Guez (auteur, metteur en scène et acteur ), Edouard Eftimakis (metteur en scène et acteur ) et Thibaud Guillon-Marchi (acteur et dramaturge ) présentent leur nouvelle création, "Si une histoire frappe à ta porte...". La pièce suit un jeune auteur en quête d'inspiration qui, à travers un voyage dans le temps, interroge les plus grands génies de la littérature sur le secret de la création. Une exploration de 40 000 ans d'histoires, à découvrir au théâtre Au Coin de la Lune, du 5 au 26 juillet 2025.

Rencontre avec Les Sans Roi pour Si une histoire frappe à ta porte
12 Juillet 2025 à 19h31 Par Jérôme Chaudier

Avignon et Moi : Bonjour à vous trois. Pour commencer, pourriez-vous nous présenter la pièce ?

David Guez : "Si une histoire frappe à ta porte..." part d'une question que je me pose depuis que j'ai commencé à écrire à l'âge de quinze ans : à quoi bon écrire quand tout a été dit cent fois, et beaucoup mieux que par moi ? On peut vite se sentir écrasé par les génies du passé comme Victor Hugo, Shakespeare ou Molière, et se dire que cela ne sert à rien d'essayer. Nous avons donc décidé de mener une enquête, un voyage dans le temps pour remonter toute l'histoire de la littérature. En une heure, nous traversons quarante mille ans et ressuscitons les grands esprits de l'écriture, à la recherche de la toute première histoire.

Comment s'est déroulé ce travail d'écriture à trois ?

Edouard Eftimakis : Nous avons d'abord mené un important travail de recherche. Une fois cette matière collectée, il a fallu la synthétiser. La pièce dure une heure, le rythme est très soutenu et c'est une comédie, mais elle reste très documentée. Cette base nous a permis de dessiner les traits de caractère des différents auteurs. David a ensuite réécrit l'ensemble pour assurer la cohérence, puis nous avons travaillé et répété tous les trois. La fabrication s'est donc faite à trois, articulée autour de l'écriture de David.

Thibaud Guillon-Marchi : C'est une création pour le festival, une nouvelle histoire qui part de nous. Nous nous sommes interrogés sur ce qu'est une histoire pour nous aujourd'hui, en considérant tous les supports actuels : les séries, les livres, les films. En partant de cette réflexion, nous avons tiré le fil jusqu'à ce qui nous semblait être le plus ancien. Nous avons aussi voulu créer un lien entre les récits contemporains populaires comme Naruto, Harry Potter ou Game of Thrones, et les classiques comme Shakespeare ou George Sand. L'idée est de montrer que ces deux mondes ne sont pas séparés. Naruto n'existerait pas sans Shakespeare. Cela permet de dépoussiérer ces "vieux génies" et de réaliser qu'ils étaient des humains, avec des problèmes et des défauts, comme nous.

David Guez : Ils avaient des vies parfois épiques, avec des problèmes d'amour, d'argent, ou des difficultés liées à leur contexte historique, que nous nous attachons à présenter. La pièce peut donc aussi intéresser ceux qui aiment l'Histoire avec un grand H.

Thibaud Guillon-Marchi : Et même l'histoire de la musique. Les compositions musicales du spectacle, que j'interprète à la guitare ou qui sont issues de compositeurs des époques visitées, accompagnent ce voyage.

Quels ont été les principaux défis durant la création ?

David Guez : Le plus grand défi a été de sélectionner les auteurs. Le spectacle pourrait durer huit heures tant il y a de figures littéraires passionnantes. Il a été difficile de n'en choisir qu'un par époque et de construire une véritable enquête qui crée un lien entre eux. Nous nous sommes documentés sur bien plus d'auteurs que ceux présents dans la pièce et avons finalement dû en retenir six. Ce choix a été l'objet de nombreuses discussions entre nous.

Edouard Eftimakis : Nous sommes partis de l'étymologie du mot "histoire", qui viendrait du grec et signifierait "enquête". Cela nous a donné l'idée d'utiliser les codes du voyage dans le temps et de l'investigation pour rendre le tout plus ludique.

Thibaud Guillon-Marchi : Un autre défi était de faire parler ces auteurs et autrices en allant puiser dans leurs œuvres pour comprendre leur définition de l'écriture et de la création. Chaque personnage donne ainsi des conseils différents au personnage de l'auteur que nous suivons. Pour Madame de Lafayette, par exemple, nous avons intégré dans ses dialogues des tournures de phrases qui lui sont propres, comme son usage de l'imparfait du subjonctif, pour rendre hommage à sa singularité.

Combien de temps a nécessité l'écriture de la pièce ?

David Guez : La phase de réflexion et de documentation a duré près d'un an. L'écriture elle-même a été assez rapide, environ trois semaines, car elle est venue synthétiser tout ce travail préalable.

Edouard Eftimakis : Nous étions tellement heureux de nous retrouver autour de ce thème que le processus a été fluide.

Thibaud Guillon-Marchi : Nous nous connaissons bien. La compagnie a été fondée il y a sept ans et nous avons l'habitude de tester rapidement au plateau ce que nous écrivons. Nous nous lisions des scènes, ou même des œuvres comme Les Grenouilles d'Aristophane. Ce passage rapide à la scène nous permet de développer une écriture qui est immédiatement théâtrale.

David Guez : Finalement, ce projet nous a amenés à nous poser une question plus large : qu'est-ce qu'une histoire et pourquoi avons-nous besoin de nous en raconter ? En plein cœur du festival, avec plus de mille spectacles, nous trouvons que c'est une belle interrogation à partager avec le public.

Si vous deviez choisir un mot chacun pour décrire la pièce, quel serait-il ?

David Guez : Transmission.

Thibaud Guillon-Marchi : Voyage.

Edouard Eftimakis : Histoire.

Quel message ou quelle image aimeriez-vous que le public retienne après avoir vu le spectacle ?

David Guez : Pour ceux qui ont envie d'écrire, de composer, de dessiner, ou d'entreprendre toute démarche artistique, nous aimerions qu'ils se sentent légitimes de le faire. Et si certains spectateurs se disaient : "Ce spectacle m'a donné envie de lire Boris Vian", alors nous aurions gagné.

Edouard Eftimakis : Si, grâce à nous, des personnes qui se sentaient intimidées par ces grands poètes, peut-être à cause de l'école ou d'autres raisons, se disent que finalement, c'est aussi pour eux, ce serait une réussite. Nous avons écrit ce spectacle en pensant à ce que nous aurions aimé voir avant de faire du théâtre.

Thibaud Guillon-Marchi : Une personne qui ne connaît ni le théâtre ni la littérature peut venir voir ce spectacle. La création est quelque chose que nous portons tous en nous, que ce soit par l'écriture, la chanson ou le dessin. Si nous pouvons éveiller la curiosité des spectateurs, ce sera une bonne chose.

Pour finir, combien de comédiens sont sur scène et quelle est la durée du spectacle ?

David Guez : Nous sommes tous les trois sur scène pendant une heure. L'idée est de réaliser ce voyage de 40 000 ans avec pour seuls accessoires une table, une machine à écrire et une guitare. En changeant simplement une veste, nous interprétons tous ces auteurs et faisons appel à l'imagination du public.

La mise en scène est également une création collective ?

Edouard Eftimakis : Oui, absolument. Pour ce spectacle, tout a été fait à trois. Ce n'est pas le cas de toutes les créations de la compagnie, mais celle-ci est vraiment née d'un élan commun.

Informations Pratiques

  • Titre : Si une histoire frappe à ta porte
  • Auteur : David Guez, avec la collaboration de Édouard Eftimakis et Thibaud Guillon-Marchi
  • Mise en scène : David Guez, et Édouard Eftimakis
  • Interprétation : David Guez, Édouard Eftimakis et Thibaud Guillon-Marchi
  • Lieu : Le Coin de la Lune
  • Dates : Du 4 au 26 juillet
  • Relâches : les mardis
  • Horaire : 13h
  • Durée : 1h10
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Article de : Jérôme Chaudier
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