Le Mystère Ophelia ressuscite l’âme troublée de Lizzie Siddal, muse éternelle du célèbre tableau de Millais, Ophelia. Inspirée de faits réels, cette pièce envoûtante mêle théâtre, peinture, poésie et cinéma pour explorer les méandres d’un destin tragique. À travers sa relation passionnée avec le peintre Dante Gabriel Rossetti, Lizzie voit sa vie se confondre peu à peu avec celle de l’héroïne de Shakespeare qu’elle incarne. Un pont audacieux entre les arts, où les toiles prennent vie, les mots vibrent, et les amours s’effondrent. Une mise en scène soignée, un texte finement ciselé et une interprétation bouleversante.
Le Mystère Ophelia fascine autant qu’il bouleverse. En prenant pour point de départ la vie de Lizzie Siddal, modèle du célèbre préraphaélite Millais, la pièce déploie une toile dense, où l’art devient malédiction. Lizzie n’est pas qu’un visage figé dans l’eau glacée d’un tableau mythique : elle est une femme vivante, fière, tourmentée, à la fois muse et victime d’un monde artistique qui préfère l’icône à l’être.
Le parallèle avec Hamlet et la figure d’Ophélie est brillamment exploité. À mesure que Lizzie s’enfonce dans la mélancolie, le peintre Rossetti, tel un Hamlet moderne, s’éloigne d’elle, fasciné non par la femme mais par l’image qu’il projette sur elle. Cette confusion entre art et réalité ronge Lizzie, jusqu’à la rendre malade, acariâtre, perdue. Le tableau devient le miroir de sa déchéance autant que le témoin de son éternité.
La mise en scène est un véritable tour de force : les peintures prennent vie sous nos yeux, les scènes s’enchaînent comme des couches de pigments sur une toile, et le spectateur est entraîné dans un univers onirique, presque hanté. Les ponts entre les arts sont maîtrisés, jamais gratuits : chaque image, chaque mot, chaque son vient renforcer le récit.
Le texte, finement écrit, restitue toute la tension d’un amour toxique et d’un idéal destructeur. Les comédiens incarnent avec justesse ces êtres passionnés, broyés par leur époque et leurs obsessions.
Une œuvre forte, esthétique, et profondément mélancolique.
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