Le Procès d’une vie : notre avis

Un grand moment de théâtre entre fiction et réalité autour du procès de Bobigny. Un spectacle convaincant et nécessaire à voir absolument.

Cela commence très fort. Avant même d’entrer dans la salle, le spectateur est invité à participer à une assemblée générale autour du manifeste des 343, pétition parue le 5 avril 1971 dans Le Nouvel Observateur, appelant à la légalisation de l'avortement en France. On nous interpelle. On nous questionne. On nous bouscule en nous rappelant qu’un million de femmes se font avorter chaque année dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.

Le réalisme de cette situation glisse peu à peu vers la fiction. Nous sommes en été de la même année. Marie-Claire, 16 ans, tombe enceinte. Elle ne veut pas garder l’enfant. Solidaires, Michèle, sa mère, Lucette, Renée et Micheline mettent tout en œuvre pour l’aider.

Nous suivons les vies entremêlées de ces personnages. On pourrait s’y perdre et pourtant rien ne nous échappe grâce à une mise en scène ingénieuse et d’une efficacité redoutable qui nous emmène alors en automne 1972, lorsque toutes ces femmes se retrouvent inculpées et qu’une certaine Me Gisèle Halimi orchestrera ce procès : le Procès de Bobigny.

Dans une distribution parfaite, la pièce est menée tambour battant. On reste suspendu à chaque instant aux lèvres des comédiennes. On est comme témoin de ce procès. On se retient pour ne pas se lever et prendre la parole pour encourager ces femmes qui courageusement défient les lois inadaptées. Sous nos yeux « l’ère d’un monde fini commence ».