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Vermeer et son faussaire : notre avis

Le Festival d'Avignon présente Vermeer et son faussaire, une pièce qui transforme l'une des plus grandes supercheries artistiques du XXe siècle en un duel captivant ! Le spectacle met en scène la confrontation entre le faussaire Han van Meegeren et un expert de l’Institut Courtauld. Très documenté, le texte parvient à rendre intelligibles les aspects techniques de la restauration et de la falsification d'œuvres. C'est une pièce qui, au-delà du mystère historique, interroge avec pertinence notre conception de l'originalité et de la valeur en art.

Vermeer et son faussaire
10 Juillet 2025 à 18h33 Par Carlotta B.

Sur scène, le décor est sobre : un cabinet d'expertise où s'affrontent deux hommes et deux visions de l'art. Vermeer et son faussaire retrace l'histoire bien réelle de Han van Meegeren, peintre néerlandais qui, dans les années 1930-40, a trompé les plus grands experts, allant jusqu'à vendre un faux Vermeer à Hermann Goering.

Le texte explore avec finesse la personnalité complexe de Van Meegeren. Loin de le présenter comme un simple escroc, il en fait un homme en décalage avec son temps, un artiste à la technique classique qui rejette l'art moderne et voue une admiration aux maîtres du Siècle d'or hollandais. Son projet n'est pas tant d'imiter Vermeer que de prouver qu'il peut en retrouver le génie, la matière et l'esprit. Cette ambition le place dans une position ambivalente entre la création et l'imposture.

Le grand mérite du spectacle est de rendre le jargon de la restauration d'œuvres d'art totalement passionnant. On suit l'enquête de l'expert, appuyée par des projections, comme une véritable investigation. Les dialogues nous familiarisent avec les pigments, l'histoire du tube de peinture, l'étude des craquelures, et bien sûr les techniques du faussaire pour vieillir ses toiles à l’aide de la bakélite et d'une cuisson au four.

Le propos dense n'est jamais ennuyeux. Le texte est parsemé de touches d'humour et de références, comme l'excellente anecdote sur le legs Caillebotte, qui souligne avec ironie les errements du monde de l'art institutionnel. La tension entre le faussaire et l'expert est une mécanique théâtrale qui fonctionne parfaitement, créant un débat stimulant pour le spectateur.

Au-delà de l'enquête, la pièce soulève des questions essentielles : Qu'est-ce qui fait l'authenticité d'une œuvre ? Sa signature, sa matière, ou l'émotion qu'elle procure ? Une copie parfaite est-elle dénuée de valeur artistique ? Le spectacle se conclut sur une note contemporaine : un aparté lucide sur la difficulté à trouver des femmes artistes mais aussi des femmes faussaires. Ainsi, cette réflexion finale ancre ce récit historique dans des préoccupations actuelles. Une pièce brillante et accessible qui rend une page de l'Histoire de l'art captivante.

Festival Avignon 2025
Du 4 au 26 Juillet 2025 (relâche les 9, 16, 23 juillet)
Horaire : 18h50
Lieu : Théâtre Oriflamme
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Article de : Carlotta B.
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