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Jean-Louis Kamoun : Le secret est un autre nom pour le mensonge

À l'affiche du Festival Off d'Avignon, la pièce Plus Jamais Mozart explore les silences familiaux et les blessures de l'Histoire à travers le parcours d'un violoniste de génie. Le metteur en scène, Jean-Louis Kamoun, nous dévoile les coulisses de cette adaptation du roman de Sir Michael Morpurgo, un spectacle où la musique, la vidéo et les révélations s'entremêlent. Rencontre.

Jean-Louis Kamoun : Le secret est un autre nom pour le mensonge
9 Juillet 2025 à 19h36 Par Mathilde Pallon

Avignon et Moi : Bonjour Jean-Louis Kamoun. Pourriez-vous nous présenter Plus Jamais Mozart ?

Jean-Louis Kamoun : Bien sûr. C'est l'histoire de Paolo Lévi, le plus grand violoniste de notre époque, un virtuose absolu qui refuse obstinément de jouer du Mozart. Personne ne sait pourquoi, et la question a le don de le mettre en colère. Un jour, une jeune journaliste se trouve au bon endroit, au bon moment, pour qu'il ouvre enfin cette boîte à secrets. Le spectacle révèle alors, pas à pas, les secrets de famille et d'Histoire qui se cachent derrière ce refus. La pièce commence de manière assez légère, avec beaucoup de musique jouée par un musicien qui a connu Paolo jeune. Nous naviguons constamment entre le présent et le passé, soutenus par des créations vidéo en noir et blanc d'Olivier Durand, qui sont un élément essentiel et non un simple décor. C'est un spectacle très musical qui nous fait traverser une large palette d'émotions. Au fur et à mesure que les secrets sont dévoilés, l'atmosphère devient plus bouleversante, car ils prennent racine dans la période la plus sombre de notre histoire.

Pourquoi avoir choisi d'adapter cette œuvre en particulier ?

J'ai eu un véritable coup de foudre pour le livre de Michael Morpurgo. C'est un auteur peu connu en France, mais Sir Michael Morpurgo est une référence en Angleterre. La lecture de ce texte m'a bouleversé. Son seul défaut était sa brièveté, une trentaine de minutes. J'ai donc dû l'étoffer, notamment en développant des éléments qui me tenaient à cœur autour de la ville de Venise, où se déroule l'action. Heureusement, nous avons obtenu les droits d'adaptation. Ce projet rassemble tout ce que nous aimons explorer au théâtre : les secrets de famille, qui nous ont toujours passionnés, et le rapport à l'Histoire. J'aime qualifier cela de "fiction historique" : on ne dit rien de faux, tout ce qui est raconté a pu se passer ainsi. Et puis, il y avait la musique. Je rêvais de faire entendre un violon solo sur scène. C'est assez rare au théâtre, et voir la dextérité de notre musicien, Christian Fromentin, est fascinant.

En tant que metteur en scène, quels ont été les principaux défis de cette adaptation ?

La plupart des défis ont été relevés collectivement. J'ai proposé une première adaptation aux comédiens, et nous avons créé une première version en janvier 2024. Depuis, nous l'avons jouée une quinzaine de fois dans la région de Marseille, et à chaque représentation, nous avons ajouté, modifié, en écoutant beaucoup les retours du public. L'apport de Jean-Marc Michelangeli, qui nous a rejoints après une dizaine de représentations, a également été déterminant. Il nous a donné de nombreuses idées qui ont fait évoluer le spectacle. C'est une pièce qui a énormément changé depuis sa création, et ce processus collectif a été formidable pour souder l'équipe.

Si vous deviez résumer la pièce en trois mots ?

Musique, secret... et fiction. Quoique... "le secret est un autre nom pour le mensonge", comme le dit un des personnages. C'est la base du spectacle. Le jour où Paolo Lévi décide d'arrêter de mentir, les secrets se révèlent.

Quel message ou quelle émotion souhaitez-vous que le public emporte après la représentation ?

Justement, cette idée que le secret est une forme de mensonge. C'est le principe de la psychogénéalogie : ce "sac à dos" de non-dits, de douleurs, que l'on peut traîner toute une vie sans en connaître l'origine. Les retours que nous avons le plus souvent concernent cela. Des spectateurs nous confient : "Moi aussi, j'ai découvert quelque chose dans ma famille..." ou "J'ai appris ça sur mon père...". La pièce parle à tout le monde, car même si, heureusement, peu de gens portent des secrets aussi tragiques que celui de Paolo Lévi, nous avons tous notre part de non-dits.

Concrètement, combien d'artistes sont sur scène ?

Ils sont quatre sur scène, dont le violoniste. La durée du spectacle varie entre 1h05 et 1h10.

Un dernier mot à ajouter ?

Nous sommes absolument ravis d'être à la Fabrik Théâtre. L'accueil est formidable et le lieu est très agréable, avec sa cour intérieure ombragée où le public peut s'attarder. Nous espérons vraiment que les spectateurs resteront pour discuter avec nous après la représentation. C'est un lieu qui invite à l'échange.

Spectacle : Plus Jamais Mozart

  • Auteur : D'après l'œuvre de Michael Morpurgo
  • Mise en scène : Jean-Louis Kamoun assisté de Bénédicte Debilly et Jean-Marc Michelangeli.
  • Lieu : Fabrik Théâtre, 43 Rue de la Fabrique, 84000 Avignon
  • Dates : Du 5 au 26 juillet
  • Relâches : les 9, 16 et 23 juillet
  • Horaire : 16h05
  • Durée : 1h10
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Article de : Mathilde Pallon
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