Dans le cadre du Festival Off d'Avignon, la comédienne Chaya Suryel monte seule sur la scène du théâtre Au Bout Là-Bas pour incarner une figure aussi fascinante que méconnue du grand public : Margot Anand. Auteure du livre "Le Chemin de l'Extase", cette dernière est considérée comme la pionnière qui a introduit et popularisé le tantra en France. Dans ce spectacle, Chaya retrace son parcours de vie singulier. Elle nous en dévoile les contours.
Avignon et Moi : Pour commencer, pourriez-vous nous présenter le spectacle ?
Chaya Suryel : Il s'agit d'un seul en scène où j'interprète Margot Anand, qui a écrit "Le Chemin de l'Extase" et qui est une véritable pionnière. Elle a fait connaître en France ce qu'on appelle le tantra, une voie qui allie la sexualité à la spiritualité. Le spectacle retrace son parcours atypique, un périple entre l'Inde mystique, l'Amérique psychédélique et la révolution sexuelle des années 60. C'est le récit de son voyage pour amener une spiritualité très incarnée, à travers l'histoire de sa vie.
Pourquoi avoir choisi de consacrer un spectacle à cette figure ?
Elle est très connue dans le milieu des "tantrikas" - ceux qui pratiquent le tantra -, mais elle reste méconnue en dehors de ce cercle. Le tantra est souvent perçu comme quelque chose soit de très sexuel, soit de très ésotérique, alors qu'en réalité, ce n'est pas tout à fait cela. Je trouve intéressant de faire connaître le parcours de cette femme à un public non initié. C'est une pionnière. Née en 1944, elle a bravé les normes et les carcans de la société de son époque. De ses voyages, notamment en Inde, elle a ramené des outils très concrets qu'elle a partagés dans de nombreux livres : des méthodes de respiration, de méditation, de massage...
Si vous deviez résumer la pièce en trois mots ?
Spiritualité, initiation et corps.
Quel serait le spectateur idéal pour cette pièce ?
Ce serait le spectateur qui ne connaît pas le tantra, mais qui est curieux, intrigué, et qui se dit : "Tiens, qu'est-ce que c'est que ça ?". Un spectateur à l'esprit ouvert. L'objectif est aussi de partager la vibration extatique que j'ai le plaisir de vivre en incarnant ce rôle sur scène.
L'interprétation de ce personnage a-t-elle été un défi ? Connaissez-vous personnellement Margot Anand ?
Je ne la connais pas personnellement, mais elle va venir voir le spectacle à Avignon, ce qui sera une grande rencontre pour moi. Pour l'interprétation, j'ai travaillé avec le metteur en scène, Clément Victor. Il a été formé en tant que comédien au Théâtre National de Strasbourg, et nous avons effectué un véritable travail sur la finesse du jeu. C'était très intéressant, car il a lui-même un parcours dans le tantra en plus de son parcours artistique. Il fait le lien entre la recherche spirituelle et la création.
Les thèmes de la spiritualité et de la sexualité peuvent parfois rebuter une partie du public. Ne craignez-vous pas que la pièce soit clivante ?
Effectivement. Mais je trouve que Margot Anand fait justement le pont entre la pensée rationnelle et cette part de nous où chacun a ses propres croyances. Elle a un parcours universitaire, elle a étudié la philosophie à la Sorbonne. C'est quelqu'un qui, à un moment donné, a ouvert les portes de sa conscience, au départ via des expériences typiques de cette époque, puis elle a exploré d'autres états grâce à des techniques apprises en Inde. Mais elle reste quelqu'un de très rationnel, elle n'est pas "perchée". Son expérience est très concrète, très corporelle. Pour moi, elle fait ce pont entre l'Orient et l'Occident, entre la raison et l'irrationnel. Le tantra, c'est justement ce qui réunit les opposés.
Le spectacle évoque beaucoup l'Inde. Est-ce un pays que vous connaissez ?
Oui, j'y suis allée plusieurs fois.
Informations pratiques : Le Chemin de l'Extase
Recevez la newsletter Avignon et Moi
Les bons plans, critiques, sorties et actus deux fois par semaine dans votre boîte mail.
S’inscrire gratuitement