Le spectacle "Papy Mamy" se joue au théâtre 3S - LE QUATRE durant le Festival Off d'Avignon. Cette fable visuelle et poétique aborde avec humour et tendresse l'usure du couple et la flamme qui peut renaître. Nous avons rencontré Pierre Jean CHERER, auteur et interprète de Papy, et Marie Bénédicte ROY, qui incarne Mamy, pour nous parler de cette création originale.
Avignon et Moi : Pouvez-vous nous présenter l'histoire de "Papy Mamy" ?
Pierre Jean CHERER : Il s'agit de deux personnes d'un certain âge, vivant ensemble depuis si longtemps que la routine a transformé leur quotidien en une forme d'indifférence, voire d'agacement. Leur communication se limite désormais à des grognements et des piques peu amènes. Un jour, une assistante sociale constate la situation et leur signifie qu'ils ont besoin d'aide, ce qu'ils refusent catégoriquement.
Marie Bénédicte ROY : Mais lorsque l'aide-soignante arrive, Papy, contre toute attente, dit oui. À son contact, il retrouve une seconde jeunesse, un nouvel élan de vie qui le rend heureux. Mamy, elle, commence à décliner… jusqu'à l'arrivée d'un beau kinésithérapeute.
Pierre Jean CHERER : À ce moment-là, c'est au tour de Mamy de rajeunir. Elle remet du maquillage, une fleur dans les cheveux, une belle robe. Pendant ce temps, Papy, de son côté, sombre dans la mélancolie. Sans tout dévoiler, disons qu'une étincelle finit par raviver la flamme entre eux. C'est une fable optimiste et désopilante qui traite de l'amour face au temps qui passe. La vieillesse amenuise certaines choses, mais l'amour reste l'amour.
Vous insistez sur le caractère visuel du spectacle, sans dialogues. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce choix artistique ?
Marie Bénédicte ROY : C'est un point essentiel. Nous ne parlons pas. Il y a des expressions, des onomatopées, des râles, mais aucun dialogue construit. C'est un spectacle visuel, ce qui le rend universel. Il peut être compris par tout le monde, quels que soient l'âge, la nationalité ou la langue. Même les personnes malentendantes peuvent le suivre.
Pierre Jean CHERER : Ce n'est pas du mime, mais plutôt du théâtre visuel, dans un univers qui pourrait rappeler celui de Jacques Tati. Il y a aussi une dimension très musicale avec des chansons. Ce n’est pas un spectacle muet, mais il repose sur autre chose que la parole. C'est une proposition originale, un objet théâtral non identifié.
Pierre Jean CHERER, vous êtes l'auteur de la pièce. Quelle a été la genèse de ce projet ?
Pierre Jean CHERER : L'idée m'est venue pendant la période du Covid. J'ai eu envie de parler de nos aînés, que notre société n'honore pas toujours assez à mon goût. Les personnes âgées ont une sagesse et leur vécu est une leçon de vie. Je voulais aussi explorer cette question : que devient l'amour après tant d'années passées ensemble ? Enfin, c'est un hommage à ces professions d'aide à la personne, les aides-soignantes, les kinés... J'ai vu mes propres parents décliner, et l'arrivée de ces soignants ensoleillait véritablement leur quotidien. C'est de l'or en barre.
Marie Bénédicte ROY : Beaucoup de spectateurs nous disent que la pièce leur rappelle quelqu'un : leurs parents, leurs grands-parents, ou même leur propre situation. Car même sans être très âgé, quand un couple est formé depuis longtemps, des habitudes s'installent. La pièce montre qu'il suffit d'une étincelle pour que tout reparte.
Quel message ou quelle émotion souhaitez-vous transmettre au public ?
Pierre Jean CHERER : J'aime le théâtre quand il fait du bien. C'est une pièce qui fait du bien. Les gens repartent le cœur léger, et c'est important pour nous. Le message est très positif. L'émotion passe beaucoup par le rire, même s'il y a aussi une touche de mélancolie.
Vous dites que la pièce s'adresse à tous les âges. Comment le public, et notamment les plus jeunes, réagit-il à une œuvre sans paroles ?
Marie Bénédicte ROY : Nous avons eu des enfants de trois ans dans la salle qui n'ont pas perdu une miette du spectacle, c'est incroyable. Ce qui est riche avec le théâtre visuel ou poétique, c'est qu'il n'est pas didactique. Nous proposons des images, et chaque spectateur en fait sa propre lecture. Deux personnes assises côte à côte peuvent avoir une interprétation différente, et c'est cette richesse qui nous plaît.
Pour conclure, que souhaiteriez-vous que les spectateurs retiennent en sortant de la salle ?
Pierre Jean CHERER : On aimerait qu'ils se disent : "Qu'est-ce que ça fait du bien !", ou encore "Je n'avais jamais vu un truc pareil !". Et surtout, qu'ils reconnaissent la qualité du travail de toute l'équipe.
Marie Bénédicte ROY : Nous sommes quatre sur scène. Je joue Mamy, Pierre Jean interprète Papy. Le rôle du kiné est tenu par Clément CHERER, et celui de l'aide-soignante est joué en alternance par Sarah IBRAHIM et Maëva VERLIAC. Nous tenons à souligner que nous sommes tous les quatre sur le plateau, et que chacun chante et danse aussi.
Papy Mamy
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