Vingt ans après sa disparition, l'esprit frondeur et l'humour acéré de Jean Yanne reviennent sur le devant de la scène. Les artistes Anne Cadilhac et Éric Perez présentent Tout le monde il est... Jean Yanne, un spectacle musical qui révèle une facette méconnue du personnage : celle d'un auteur-compositeur prolifique et sensible. Une plongée dans les pépites musicales des années 70, à découvrir au théâtre La Nouvelle Étincelle, du 5 au 26 juillet 2025 à 11h30 (relâche les mercredis).
Avignon et Moi : Bonjour Anne, bonjour Éric. Pouvez-vous nous présenter ce spectacle-hommage à Jean Yanne ?
Anne Cadilhac : L'idée formidable de ce spectacle est de faire découvrir les chansons de Jean Yanne. Tout le monde le connaît comme humoriste, homme de radio, personnage dissident et incontrôlable, mais très peu de gens savent qu'il a écrit plus de 300 chansons. Certaines sont très drôles, et d'autres, de manière plus surprenante, sont incroyablement émouvantes.
Éric Perez : C'est ce qui est étrange et touchant avec ce personnage que l'on imagine avant tout comme un provocateur. Il y a des chansons qui sont de véritables tire-larmes. C'est le metteur en scène, Yann de Monterno, qui a construit la dramaturgie en liant une vingtaine de ces chansons avec des aphorismes de Yanne. L'ensemble raconte l'histoire d'un couple lambda des années 70, avec ses hauts et ses bas, ses tromperies, mais qui reste uni autour de cette question éternelle : "Est-ce que tu m'aimes encore ?".
Jean Yanne traîne une réputation de provocateur, voire de misogyne. Quelle facette de sa personnalité révélez-vous ?
Éric Perez : C'est une réputation entièrement fausse. Il n'était pas misogyne, mais misanthrope. Un misanthrope humaniste ! Comme il le disait lui-même : "Qu'on ne me reproche pas de provoquer à tout prix, je ne fais que constater ce que je vois autour de moi". C'est cette facette que nous voulions montrer. D'où mon envie d'être accompagné par une femme sur scène pour raconter cette histoire de couple. J'avais découvert Anne dans un autre spectacle et heureusement, elle a tout de suite accepté.
Anne Cadilhac : Nicole Calfan, qui fut sa compagne, le souligne très bien dans son livre : il n'était pas misogyne. Il posait un regard acéré et moqueur sur la société, mais avec un fond profondément humaniste. Comment cela se traduit-il sur scène ?
Anne Cadilhac : Nous sommes tous les deux au chant et à la comédie. J'accompagne tout le spectacle au piano, sur un clavier avec des sonorités d'orgue très typées des années 70, pour recréer cette ambiance si particulière. Nous nous parlons en Jean Yanne et nous nous chantons du Jean Yanne.
Éric Perez : Le spectacle a déjà eu un bel écho à Paris, avec de très bons retours de la presse, notamment un bel article dans Le Monde. Cela a attiré les journalistes, et même Laurent Ruquier nous a invités aux "Grosses Têtes". Pour eux, Jean Yanne est un père spirituel dont la liberté de ton manque aujourd'hui.
Si vous deviez choisir trois mots chacun pour qualifier le spectacle ?
Éric Perez : Drôle, émouvant et dérangeant.
Anne Cadilhac : Drôle, tendre et musicale.
On imagine une grande diversité dans ces chansons...
Anne Cadilhac : Oui, les styles musicaux sont très variés. Certaines chansons ont été composées par Jean Yanne lui-même, d'autres par des compositeurs comme Michel Magne pour les musiques de films. On ne s'ennuie pas, ça n'est jamais répétitif.
Éric Perez : Les chansons sont souvent à chute. On écoute une histoire et la fin vient tout bousculer. C'est parfois un peu caustique, mais ça fait du bien à entendre. D'autres sont d'une grande tendresse, comme Du pain aux oiseaux ou La Gamberge. C'est ce qui fait la richesse du répertoire.
Justement, que souhaitez-vous que le public retienne en sortant de La Nouvelle Étincelle ?
Éric Perez : La première chose que les gens nous disent en sortant, c'est : "Ah, ça fait du bien d'entendre ça !". Ils sont souvent étonnés et heureux d'avoir fait une découverte. C'est gratifiant de faire connaître un pan de cet artiste auquel les gens ne s'attendent pas.
Anne Cadilhac : Notre grand souhait serait de faire découvrir Jean Yanne à la nouvelle génération. À Paris, au début, venaient ceux pour qui son nom résonnait. Puis, grâce au bouche-à-oreille, des plus jeunes sont venus, des gens qui ne le connaissaient pas du tout mais qui ont adoré l'univers et les chansons. C'est ça qui est chouette. C'est un spectacle d'une heure, pour sortir de bonne humeur avant d'aller déjeuner !
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