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Rencontre avec Léa Corbex : « On est tous la rencontre de quelqu'un »

À l'occasion du Festival d'Avignon, nous avons rencontré Léa Corbex, auteure, metteuse en scène et comédienne. Elle nous présente sa nouvelle création, "Tel le fleuve rencontre la mer", un drame contemporain qui explore les thèmes de l'identité, de la transmission et de l'exil. La pièce, portée par la Compagnie Reina Gisèle , est à l'affiche à La Factory - Espace Roseau Teinturiers du 5 au 26 juillet.

Rencontre avec Léa Corbex : « On est tous la rencontre de quelqu'un »
3 Juillet 2025 à 21h36 Par Mathilde Pallon

Avignon et Moi : Bonjour Léa. Pourriez-vous nous résumer votre pièce ?

Léa Corbex : C'est l'histoire de trois familles, dans trois pays, qui partagent un destin commun. À travers les personnages, le public voyage en Europe et ailleurs, et découvre au fur et à mesure comment leurs destins s'entremêlent et sont inévitablement liés. La pièce aborde des thèmes universels comme la transmission, la question de la prise en charge de nos aînés en Europe, mais aussi l'homosexualité, qui est encore condamnée dans certains pays, entraînant la fuite de certains personnages. Il y a également une réflexion sur la quête identitaire, notamment à travers le personnage de Gabriel, un enfant adopté qui part à la recherche de sa mère biologique. À travers ces différents portraits, chaque spectateur pourra, à un moment, trouver un écho à sa propre histoire, car nous parlons de l'humanité avec un grand H.

Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire en particulier ?

Cela vient de deux documentaires qui m'avaient énormément touchée. Le premier est Bienvenue en Tchétchénie de David France, qui traite de la fuite des homosexuels persécutés dans leur pays. Le second est Wonder Boy d'Anissa Bonnefont, sur la quête des origines du créateur Olivier Rousteing. J'ai trouvé cela bouleversant. J'ai voulu entrecroiser ces portraits et raconter une histoire à partir de là. Le troisième sujet, sur la transmission et la vieillesse, est plus personnel. Pendant la crise du Covid, ma grand-mère Gisèle était malade et nous ne pouvions pas l'hospitaliser. Mon frère et moi nous relayions la nuit pour nous occuper d'elle. Ce moment m'a amenée à m'interroger : qu'est-ce que "faire famille" ? Qu'est-ce que la transmission ? Que retient-on de ce qu'on nous inculque et comment s'en émancipe-t-on ? Comment devient-on adulte, comment garde-t-on ses racines sans se trahir, tout en devenant pleinement soi-même ? L'idée de la pièce est née de ce moment précis.

C'est donc vous qui avez écrit la pièce ?

Oui, c'est moi qui l'ai écrite l'année dernière. L'idée me trottait dans la tête depuis la période du Covid. Ma compagnie s'appelle Reina Gisèle, ce sont les prénoms de mes deux grands-mères.

Si vous deviez résumer votre pièce en trois mots, lesquels choisiriez-vous ?

Je dirais : fraternité, multiculturel et racines.

Avez-vous rencontré des défis particuliers lors de la création, que ce soit dans l'interprétation ou la mise en scène ?

La particularité du spectacle est qu'il est en trois langues : français, espagnol et portugais brésilien. J'ai longtemps vécu en Amérique du Sud et j'ai une double culture, dont je me sers dans mon travail. Il a donc fallu trouver des comédiens capables de passer d'une langue à l'autre, de la parler et de l'interpréter, parfois avec des accents spécifiques à chaque pays. C'était un premier défi. Pour le Festival d'Avignon, afin que tous les publics puissent suivre, y compris les personnes malentendantes, le spectacle est entièrement surtitré dans les deux langues principales. Cela demande une exigence et une rigueur très particulières sur le plateau, ce qui n'est pas forcément mon fort à la base.

Combien de comédiens sont sur scène et quelle est la durée de la pièce ?

Nous sommes trois comédiens sur scène pour interpréter une dizaine de personnages. La pièce dure une heure et vingt minutes.

Quand le public quitte la salle, quelle image ou quel message aimeriez-vous qu'il retienne ?

Ce que j'aimerais que le public retienne, c'est qu'une simple rencontre peut changer le cours d'une vie. Je pense que c'est un message qui peut toucher tout le monde. Nous sommes tous la rencontre de quelqu'un, et nous ne savons pas toujours où cette rencontre nous mènera, ou peut-être a-t-elle déjà eu lieu. En tout cas, nous avons tous un rôle à jouer. Je voudrais que les gens repartent avec cette idée que le destin est une chose partagée, et que l'on peut aussi être le destin de quelqu'un d'autre.

Pour aller voir la pièce :

  • Titre : Tel le fleuve rencontre la mer
  • Auteure : Léa Corbex
  • Mise en scène : Léa Corbex
  • Avec : Léa Corbex, Emma Gagnadoux et Hugo Fiess
  • Lieu : La Factory – Espace Roseau Teinturiers, 45 Rue des Teinturiers, 84000 Avignon
  • Dates : Du 5 au 26 juillet 2025 (relâche les mardis 9, 16, 23 juillet)
  • Horaire : 21h50
  • Durée : 1h20
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Article de : Mathilde Pallon
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