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Nicolas Robinet : « Dans France-Fiction, on rallume la mèche de la révolution manquée »

Et si Mai 68 avait vraiment gagné ? C'est le point de départ de France-Fiction, une pièce écrite et interprétée par Nicolas Robinet, aux côtés de Léa Darmon--Raphoz et Grégoire de Chavanes. Présentée par la compagnie Les Unes et les Autres et mise en scène par Tudual Gallic, cette uchronie déjantée réécrit les années 70 en donnant le pouvoir aux féministes et aux écologistes. Un conte politique et humoristique à découvrir au Théâtre de la Bourse du Travail CGT, du 5 au 26 juillet 2025, à 13h (relâche les lundis).

Nicolas Robinet : « Dans France-Fiction, on rallume la mèche de la révolution manquée »
3 Juillet 2025 à 21h26 Par Mathilde Pallon

Avignon et Moi : Bonjour Nicolas. Pouvez-vous nous présenter France-Fiction ?

Nicolas Robinet : France-Fiction est une uchronie, c'est-à-dire une histoire alternative. On part d'un événement réel, Mai 68, et on imagine que l'histoire a pris un autre cours. Dans les années 70, beaucoup d'alternatives féministes, écologistes et sociales ont été proposées, mais elles n'ont pas vraiment eu voix au chapitre. L'idée de la pièce, c'est de leur donner cette voix et d'imaginer que ces années-là ont été un tournant majeur de transformation de la société. On s'amuse à transposer des événements comme MeToo dans les années 70, tout cela mis en scène via la télévision de l'époque, en détournant des archives et en incarnant des figures de la pop culture comme Pimprenelle de Bonne nuit les petits ou des présentateurs télé.

Pourquoi avoir choisi de réécrire l'histoire de cette manière ?

Aujourd'hui, on a souvent l'impression d'être impuissants face au changement climatique ou à la montée des extrémismes. Nous, on a envie de dire qu'à des époques comme les années 70, les gens sentaient qu'ils avaient le pouvoir de changer les choses, et ils y croyaient vraiment. On veut s'inspirer de cet esprit pour dire au public qu'on a la capacité de changer les choses.

Si vous deviez décrire la pièce en trois mots ?

Le premier serait uchronie. C'est le concept de la pièce : uchronos, le temps qui n'existe pas. Le deuxième serait télévision, car on reprend les codes et on reproduit un vrai plateau télé des années 70 sur scène. Enfin, je dirais goguette. C'est une pratique qui consiste à réécrire les paroles d'une chanson connue pour faire passer des messages politiques et satiriques. On l' utilise dans la pièce pour faire passer nos idées de façon joyeuse et humoristique.

Vous êtes l'auteur et l'un des interprètes. Comment ce projet est-il né ?

L'idée est née il y a environ deux ans. Le père de Léa [Darmon--Raphoz], ma camarade de la compagnie, qui est un vrai soixante-huitard, nous racontait qu'à l'époque, ils imaginaient qu'en l'an 2000, on travaillerait cinq heures par semaine grâce au progrès social. Constatant que ce n'est pas vraiment le cas, ça nous a donné envie d'imaginer cette alternative. J'ai commencé à écrire, on a testé une première forme d'une demi-heure, puis on a fait plusieurs étapes de travail et résidences. Personnellement, je regarde énormément d'archives de l'INA, et je m'en inspire pour parodier ou détourner des moments de cette télévision que j'aime beaucoup.

Vous êtes trois sur scène. Quels personnages le public va-t-il croiser ?

Au départ, nous sommes trois comédiens sur le plateau qui se disent qu'on pourrait rejouer l'histoire en mieux, faire gagner les causes sociales et écologistes. C'est une sorte de fausse improvisation collective où chacun amène ses idées. Je suis présentateur télé, mais je deviens vite Georges Pompidou. Léa incarne Françoise d'Eaubonne, la pionnière de l'écoféminisme. On croise aussi Pimprenelle et Nounours, Delphine Seyrig, ou encore René Dumont, le premier candidat écologiste à la présidentielle. Tous ces personnages cohabitent et changent le cours de l'histoire au fur et à mesure.

Quand le public sortira, avec quelle image ou quel message souhaitez-vous qu'il reparte ?

J'espère qu'il repartira avec beaucoup de joie et qu'il aura beaucoup ri. Je crois qu'on a besoin de se marrer. Pour moi, ma façon de dire aux gens de s'investir politiquement, c'est de les faire rire, de leur donner du courage et de la force. L'idée est qu'on sorte joyeux, plein de foi en l'avenir, en se disant qu'on peut changer les choses.

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Article de : Mathilde Pallon
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