Écrivain, chroniqueur et désormais humoriste, l'artiste belge Edgar Kosma présente son premier seul en scène, Seul en scène comme dans la vie. Dans cette comédie dramatique mise en scène par Mohamed Ouachen, il explore avec autodérision sa propre métamorphose d'auteur à artiste de scène. Un spectacle sur la création, le syndrome de l'imposteur et l'audace de se lancer, à découvrir au Théâtre Notre-Dame tous les jours à 18h30, du 5 au 26 juillet (sauf le mardi).
Avignon et Moi : Bonjour Edgar. Pouvez-vous nous résumer le concept de votre spectacle, Seul en scène comme dans la vie ?
Edgar Kosma : C'est l'histoire d'un personnage qui se retrouve sur scène alors que ce n'était pas prévu. Le metteur en scène vient le chercher en loge, pensant qu'il n'est que l'auteur du spectacle. La phrase clé est dite dès le début : "Le comédien n'est pas là", et on lui répond : "Non, c'est toi le comédien, vas-y !". Il se retrouve donc face au public, à devoir improviser un spectacle d'humour sans savoir comment faire. Pendant une heure, on va assister à son éclosion, à sa progression pour devenir comédien. Le spectacle répond à cette question fondamentale : peut-on faire un spectacle quand on n'est pas comédien ?
C'est un sujet original. Comment l'idée de ce "méta-spectacle" est-elle née ?
Je ne l'ai pas vraiment choisie, elle s'est plutôt imposée à moi. J'étais auteur de livres et scénariste de BD, et j'ai eu envie de monter sur scène, sans trop savoir comment m'y prendre. Au début, je pensais naïvement aborder des sujets extérieurs, comme la politique. Mais en apprenant le métier pendant des années, je me suis rendu compte que le sujet le plus intéressant était cet apprentissage lui-même, ce syndrome de l'imposteur. Progressivement, c'est devenu un "méta-spectacle", une pièce sur la manière dont on fait une pièce. C'est le processus qui a donné naissance au spectacle, ce n'était pas une idée de départ. Mon entourage m'a encouragé dans cette voie, trouvant original d'oser monter sur scène en disant précisément qu'on ne se sent pas capable de le faire.
Sur scène, comment cette métamorphose se traduit-elle ?
Il y a une véritable mise à nu. Je commence en peignoir, on vient me chercher alors que je suis sous la douche. J'arrive donc sur scène avec les cheveux mouillés, et je vais me mettre à nu métaphoriquement tout au long du spectacle. Je comprends qu'il ne suffit pas de se présenter, mais qu'il faut créer un lien, se dévoiler. C'est une allégorie : le personnage réussit en une heure ce que j'ai mis cinq ans à accomplir dans la vraie vie. Pour l'aider, il a un guide, le livre Le Stand-up pour les Nuls, qui lui donne des clés pour avancer : se présenter, créer un lien, aller dans l'intime...
Si vous deviez décrire la pièce en trois mots ?
Métamorphose, imposteur et oser. Ce dernier mot est très important, c'est un peu la morale du spectacle.
Au-delà du rire, quel message souhaitez-vous que le public retienne ?
Que l'on peut oser faire les choses, même si l'on pense ne pas être fait pour ça. Personne ne naît avocat ou comédien. J'aimerais que les spectateurs projettent cette morale sur leur propre vie et se disent : "J'ai toujours eu envie de faire du patinage artistique, je me suis toujours dit que je serais nul, mais en fait, il faut se lancer et essayer". Si les gens repartent avec cette idée, en plus d'avoir ri et passé un bon moment, c'est gagné.
Combien de temps a-t-il fallu pour aboutir à ce spectacle ?
J'ai commencé à faire de la scène en 2019, dans des scènes ouvertes, pour tester des choses. La première du spectacle a eu lieu en avril 2023, donc il a fallu quatre années complètes, avec la pandémie au milieu. Les premiers extraits que je jouais ne sont, pour la plupart, plus dans le spectacle, mais tous ces essais, même les échecs, ont été utiles pour comprendre des choses et nourrir le projet. C'est vraiment un processus.
Le spectacle dure une heure et cinq minutes selon votre dossier. Est-ce le même format pour Avignon ?
Pour Avignon, c'est un peu plus court. On est plutôt sur cinquante-cinq minutes. Comme tout le monde le sait, ici, c'est la course, il y a une compagnie avant et une après. On retire les petites fioritures pour tenir le rythme !
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