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Mickaël Winum : Le théâtre est un outil de questionnement de la société

Acteur magnétique et passionné, Mickaël Winum incarne le personnage principal de Caspar ou l'anatomie d'un fou, une pièce sur la schizophrénie, présentée à la Chapelle des Italiens. Il joue également dans Le Portrait de Dorian Gray, ainsi que dans deux lectures : un texte de l’Ecclésiaste et le Vous n'aurez pas ma haine d'Antoine Leiris. Rencontre avec un comédien pour qui la scène est une nourriture essentielle, un espace de réflexion sur les profondeurs de l'âme humaine.

Mickaël Winum : Le théâtre est un outil de questionnement de la société
3 Juillet 2025 à 14h32 Par Mathilde Pallon

Avignon et Moi : Vous êtes à l'affiche de Caspar ou l'anatomie d'un fou. Pouvez-vous nous présenter cette pièce ?

Mickaël Winum : La pièce s'intitule Caspar ou l'anatomie d'un fou et nous plonge dans l'Amérique conservatrice des années 70. Il n'y a que deux personnages : Caspar, que j'incarne, et Leland, l'infirmier ou le maton, joué par Jean-Paul Sermadiras. Entre eux se tisse un lien très étrange, qui n'est pas défini et que nous laissons à la libre interprétation du spectateur. L'action se déroule dans une sorte de cellule d'hôpital psychiatrique, un huis-clos où Caspar est enfermé avec ses voix, ses démons et son passé. La pièce tente de sonder les origines de la schizophrénie, de comprendre la trajectoire de ce personnage et de questionner sa folie : est-il vraiment fou ? C'est aussi quelqu'un de très joueur. Le reste, je ne le dévoile pas.

Pourquoi avoir choisi ce sujet complexe de la schizophrénie ?

La rencontre avec l'auteur, Claude-Alain Planchon, a été déterminante. C'est un grand médecin qui a exercé une bonne partie de sa carrière à l'Hôpital Américain de Paris, et il met son expérience au service de son écriture. Je trouve sa démarche fascinante. Nous voulions travailler ensemble depuis longtemps, et lorsqu'une occasion s'est présentée, il m'a proposé ce texte. J'ai accepté, car c'est un sujet que l'on connaît mal. On a beaucoup d'a priori sur la schizophrénie, et ce texte permet de dépasser les idées préconçues.

Qu'espérez-vous que le public retienne en sortant de la salle ? En trois mots, comment décririez-vous la pièce ?

Je dirais : schizophrénie, mystère et poésie. Jusqu'à présent, nous sommes très contents des réactions. Nous notons chez les spectateurs des questionnements profonds, et parfois même des désaccords sur le sens de la pièce, notamment sur le tableau final. C'est aussi à ça que sert le théâtre : amener des sujets qui poussent au débat, à la réflexion. On a tendance à croire que le théâtre n'est là que pour se vider la tête ou pour rire, mais ce n'est pas toujours le cas. Pour moi, le théâtre que je choisis de faire est une niche à questions, un outil de questionnement de la société, de l'âme humaine. C'est presque de la philosophie sur scène. Les discussions que nous avons parfois avec le public après la pièce sont incroyablement nourrissantes.

En plus de ce rôle intense, vous êtes sur tous les fronts cet été. Parlez-nous de vos autres projets.

Oui, je reprends notamment le rôle de Dorian Gray dans Le Portrait de Dorian Gray, mis en scène par Thomas Le Douarec. C'est une merveilleuse aventure qui dure depuis sept ans. C'est l'histoire de ce jeune homme qui fait le vœu diabolique que son portrait vieillisse à sa place. On est dans l'univers brillant d'Oscar Wilde, avec son humour fin et ses aphorismes célèbres.

J'ai aussi le plaisir de faire deux lectures. D'abord un texte ecclésiastique sur le sens de la vie, la finalité de nos actions. C'est une réflexion sur la vanité de l'existence humaine qui aura lieu à la Cathédrale Notre-Dame des Doms.

Enfin, et j'en suis très ému, je lis Vous n'aurez pas ma haine, le texte d'Antoine Leiris. Il l'a écrit quelques jours après avoir perdu sa femme dans les attentats du Bataclan. C'est un texte nécessaire et bouleversant sur la résilience. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas un texte sombre. 98% du livre est un message d'espoir, la volonté de rester debout pour son fils, de l'élever dans des valeurs d'amour et de partage. C'est la première fois que l'œuvre intégrale est représentée au théâtre, et je suis profondément touché et heureux de porter ces mots.

Cette boulimie de projets semble être un véritable moteur pour vous...

Si je ne travaille pas, ça ne va pas. J'ai besoin d'être tout le temps dans le travail, sinon je me pose beaucoup trop de questions. Le théâtre me nourrit profondément. C'est la plus belle, la plus profonde des nourritures pour la pensée. J'espère que ce sera un beau festival.

Mickaël Winum, un festival au pluriel

Théâtre : Caspar ou l'anatomie d'un fou

  • Lieu : La Chapelle des Italiens, 33 rue Paul Saïn.
  • Dates : Du 5 au 26 juillet (relâche les mardis).
  • Horaire : 19h00.

Théâtre : Le Portrait de Dorian Gray

  • Lieu : Théâtre des Lucioles, 10 rue du Rempart Saint-Lazare.
  • Dates : Tous les jours pendant le festival.
  • Horaire : 16h10.

Lecture : Vous n'aurez pas ma haine

  • Lieu : Théâtre Le Petit Louvre, 23 rue Saint-Agricol.
  • Dates : Les 9 et 16 juillet.
  • Horaire : 11h30.

Lecture : l’Ecclésiaste

  • Lieu : Cathédrale Notre-Dame des Doms, Place du Palais.
  • Date : Le 4 juillet.
  • Horaire : 20h30.
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Article de : Mathilde Pallon
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