Rencontre avec la comédienne Maxime-Lior Windisch, à l'affiche de "L'Éducation de Rita" au Théâtre de l'Adresse. Elle y incarne Rita, une coiffeuse de Liverpool qui décide de pousser la porte de l'université pour s'inventer une nouvelle vie. La pièce de l'auteur britannique Willy Russell , présentée par la Compagnie Angle Limite, explore les thèmes de l'émancipation, du choc des cultures et du pouvoir transformateur de l'éducation.
Avignon et Moi : Pouvez-vous nous présenter "L'Éducation de Rita" ?
Maxime-Lior Windisch : C'est l'histoire d'une jeune femme de vingt-neuf ans à Liverpool dans les années quatre-vingt. Elle est coiffeuse et décide de sortir de son cadre. Elle s'inscrit à des cours du soir en littérature et rencontre Frank, un professeur qui a perdu la foi en son métier, qui a l'impression de formater des robots. La pièce raconte la rencontre de ces deux personnages, qui va bouleverser leurs trajectoires respectives.
Pourquoi avoir choisi cette pièce en particulier ?
Avec mon partenaire Owen Doyle, qui met en scène la pièce et joue le rôle de Frank, nous avons eu un véritable coup de cœur en la lisant. Nous avons été bouleversés par les personnages. Celui de Rita a une évolution extraordinaire. Elle passe de cette coiffeuse issue d'un milieu populaire, se perd un temps dans une forme de snobisme, pour finalement se trouver réellement elle-même. C'est le plus beau rôle que j'aie jamais joué.
Si vous deviez définir la pièce en trois mots ?
Le premier serait féminisme. Rita prend elle-même en main sa transformation. Ce n'est pas du tout le professeur qui va la modeler comme un Pygmalion ; c'est elle qui prend tout en charge. Ensuite, la culture. La pièce interroge brillamment comment la culture peut bouleverser une vie, comment elle ouvre certaines portes et en ferme d'autres. Et enfin, l'humour. C'est un humour anglais, piquant et tendre, qui traverse toute la pièce.
Justement, le chemin de Rita vers la culture n'est pas si simple...
Non, et c'est ce qui est passionnant. La pièce montre la complexité de ce parcours. Rita se retrouve dans un entre-deux : elle n'arrive plus à parler à sa famille et ses amis, mais elle n'a pas encore les codes pour parler avec les étudiants. Elle se sent comme un ovni. Cela montre que l'émancipation culturelle n'est pas facile, ce n'est pas inné. Mais le message de fond, c'est que quand on veut vraiment, on peut.
Quel message souhaitez-vous que le public retienne ?
Que l'on peut changer sa vie si on le désire ardemment, et que l'éducation et la culture sont une formidable porte d'entrée pour ce changement. C'est une pièce qui fait du bien et qui, je pense, parlera beaucoup aux plus jeunes. À partir de 12 ans, à ce moment où l'on peut se dire : "L'école, ça m'embête, à quoi ça va me servir ?". Cette pièce est une réponse vibrante à cette question. Elle montre que ce que l'on apprend peut nous indiquer une voie à suivre. Il faut avoir confiance en l'avenir.
La pièce se déroule dans les années 80. Est-elle toujours d'actualité ?
Totalement. Bien que certains éléments de décor suggèrent l'époque 7, la traduction de Catherine Marcangeli est très actuelle. Le langage de Rita, parfois volontairement "vulgaire" au début pour s'affirmer, parle directement au public d'aujourd'hui. Les thèmes comme la quête de soi, le déterminisme social et le rôle de l'éducation dans cette quête sont, eux, parfaitement intemporels.
Informations Pratiques
Recevez la newsletter Avignon et Moi
Les bons plans, critiques, sorties et actus deux fois par semaine dans votre boîte mail.
S’inscrire gratuitement