Le comédien et auteur William Rageau nous plonge au plus intime de l'être avec « Cœur à cœur », un seul-en-scène où les organes deviennent les personnages d'une comédie humaine touchante et universelle. Ancien infirmier, il s'inspire de son parcours pour livrer une performance d'acteur saluée par la critique et le public, déjà « Coup de cœur » du journal La Provence. Rencontre avec un artiste qui a l'art de passer du rire aux larmes, au Théâtre de l'Oriflamme.
Avignon et Moi : William Rageau, votre spectacle « Cœur à cœur » est une proposition singulière : faire parler les organes de notre corps. D'où est née cette idée ?
William Rageau : L'idée a germé durant le Festival d'Avignon 2018, alors que je jouais dans une autre pièce. Une phrase tournait en boucle dans ma tête : « Cœur à cœur, le corps à corps entre un cœur et son corps ». Je trouvais fascinant d'imaginer à quoi ressemblerait un cerveau s'il avait des bras et des jambes, comment il parlerait, comment il se tiendrait. J'ai donc voulu donner une forme humaine à ces organes et raconter une histoire de l'intérieur, un peu à la manière du film d'animation « Vice-Versa » ou du dessin animé « Il était une fois... la Vie ».
Le spectacle est un seul-en-scène. Quel est le concept ?
Vous êtes plongés dans le corps de Guillaume, un homme que l'on ne voit jamais. À l'intérieur, ses organes tentent de faire équipe pour qu'il soit le plus heureux possible. Il y a Coco, le cœur passionné ; Jako, le cerveau très (parfois trop) réfléchi ; et Tubi, le tube digestif peureux. Leurs caractères très différents créent des situations décalées et absurdes. C'est une véritable performance d'acteur, un défi que je me suis lancé : interpréter huit personnages, masculins et féminins, sans aucun artifice, sans chapeau ni fausse moustache. Tout passe par la posture, l'intonation, le regard. Le but est que le spectateur identifie chaque personnage instantanément.
C'est donc une manière métaphorique de vous raconter ?
Oui, complètement. C'est une façon de me livrer sans le faire de manière crue. Chaque organe représente une facette de ma personnalité. Ce spectacle est le fruit de mon histoire personnelle, de ma vie de patient atteint d'une maladie génétique, puis de mon expérience en tant qu'infirmier. À travers l'humour, il aborde des thèmes qui me sont chers comme la résilience, l'amitié, l'amour, la maladie ou le dépassement de soi.
À qui s'adresse ce spectacle ?
C'est un spectacle tout public, accessible à partir de 7 ans. J'ai voulu qu'il n'y ait pas de vulgarité, pas de violence. L'idée est de proposer plusieurs niveaux de lecture, un peu comme dans les films Disney ou Pixar : les enfants suivent une histoire, tandis que les adultes perçoivent d'autres subtilités. Le but est que ce soit intéressant pour tout le monde et que chacun, peu importe son âge, y trouve son compte.
Quatre festivals d'Avignon plus tard, qu'aimeriez-vous que le public retienne de « Cœur à cœur » ?
Avec le temps, je n'ai plus d'attente précise. L'accueil est incroyable, les gens sont touchés par une réplique, une lumière, un personnage... Le spectacle appartient à chaque spectateur, en fonction de son vécu et de sa sensibilité. Ma seule ambition, en tant qu'artiste, serait que cette heure passée ensemble donne envie aux gens de revenir au théâtre, de voir des concerts, des expositions. Si un spectacle qui nous a plu peut susciter l'envie de redécouvrir la richesse de la culture, alors j'ai tout gagné.
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