« Et si on chantait » : Quand la comédie musicale devient un art de vivre

Dans une époque souvent morose, il est des projets qui réconcilient avec l’esprit collectif. « Et si on chantait », troupe avignonnaise de comédie musicale dirigée par Mathieu Cruz, incarne depuis plus de vingt-cinq ans cette énergie fédératrice qui mêle exigence artistique et engagement associatif. Et sous la direction de son président actuel, l’ambition semble plus vive que jamais.

Une passion née dès l’enfance

Professeur des écoles la semaine, directeur artistique le week-end, Mathieu Cruz n’a jamais vraiment quitté la scène. « J’ai commencé le théâtre à six ans. Depuis, je n’ai jamais arrêté. Ce qui m’anime, c’est la scène, le collectif, et ce frisson unique que procure le spectacle vivant », confie-t-il. Entré dans la troupe en 2008, il en reprend la présidence en 2022, déterminé à en renouveler le souffle tout en respectant son ancrage dans la chanson française.

Une troupe entre exigence artistique et énergie bénévole

Composée de 31 membres, « Et si on chantait » rejette l’étiquette de simple chorale. « Nous sommes une troupe de comédie musicale. Nous travaillons les voix, bien sûr, mais aussi la mise en scène, les costumes, les chorégraphies, les décors. » Loin d’un divertissement amateur bâclé, les spectacles sont montés avec une précision quasi professionnelle. Paillettes d’un soir, leur nouvelle création, rend hommage au monde du showbiz à travers des personnages hauts en couleur – travestis, costumiers, maquilleuses – et un fil narratif ponctué de dialogues, de monologues, et de chansons harmonisées à plusieurs voix.

Création collective et discipline de fer

Le processus de création est millimétré. Les titres sont choisis en concertation avec une cheffe de chœur, puis harmonisés par un collaborateur québécois. Ensuite viennent les répétitions, les « filages » et la mise en scène. « On travaille un week-end complet par mois, parfois deux. Et en plus, il y a les répétitions dites ‘sauvages’ en semaine, notamment pour les chorégraphies. » Un engagement important, mais assumé : « Il faut le faire avec passion. Sinon, autant rester chez soi. »

Un théâtre associatif aux grandes ambitions

Depuis sa création en 1998, la troupe a toujours cultivé un esprit d’ouverture et de transmission. En 2023, une section théâtre a vu le jour avec la pièce Brèves d’artiste, composée de sketches issus de Raymond Devos ou de la Comédie-Française. « Pour beaucoup de comédiennes, c’était une première fois sur scène. Il fallait un projet accessible, mais exigeant. » Une nouvelle saison théâtrale est d’ores et déjà prévue.

Une tournée en régions et des rêves de festival

Autofinancée par les cotisations des membres, sans subvention publique, l’association se produit dans plusieurs villes du Sud : Avignon, Miramas, Sorgues, Saint-Martin-de-Crau, et bientôt Saint-Rémy-de-Provence en 2026. « Tourner dans différentes villes nous permet de rencontrer d’autres équipes, d’autres publics. Et pourquoi pas, un jour, intégrer le Festival d’Avignon. Une ou deux dates, ce serait un rêve. »

Le vivre-ensemble comme moteur

Au cœur du projet : la bienveillance, la tolérance, l’esprit d’équipe. « Dans nos spectacles, on parle d’amour, d’amitié, de respect. Et dans nos répétitions aussi, ces valeurs sont centrales. On crée ensemble, on mange ensemble, on vit ensemble le temps d’un week-end. »

Un projet artistique, mais aussi profondément humain. Pour suivre leur actualité, la troupe « Et si on chantait » donne rendez-vous sur sa page Facebook. Quant aux représentations de Paillettes d’un soir, elles auront lieu à Avignon les 10 et 11 mai, puis à Sauveterre les 17 et 18 mai et enfin le 27 septembre à l’Auditorium Jean Moulin au Thor. Un spectacle où la scène devient un miroir du collectif, et où le chant, le théâtre et la danse s’unissent pour faire vibrer le public.